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La Mongolie

On nous avait tellement dit qu'Ulaan Baatar est une ville "glauque", que l'on s'attendait au pire. Mais apres 20 kils a velo plutot tranquilles dans ce qui nous parait la campagne, apres Delhi, pour rejoindre la ville, on se sent tout de suite plutot a l'aise. Des immenses buildings carres betonnes qui rejoignent nos cliches sur le monde sovietiques, mais avec un oeil impregne depuis des mois de la "decrepitude" toute indienne, on les trouve plutot vaillants et sommes plutot etonnes de ne pas trouver de fers a betons!

Et quel melange... . On est accueilli par des enormes pancartes format geant de publicites "nokia", "Fuji" et autres... toutes les grandes boites occidentales, chinoises et japonaises sont au rendez-vous... autant pour la retenue capitaliste que l'on s'imaginait trouver. Mais Ulaan Baatar est en plein "boom" economique et l'on n'aura jamais vu autant de telephones portables que dans ce pays! Tout le luxe occidental est a portee de mains... ou plutot du porte-monnaie bien dodu. On trouve meme des "GPS" a tous les coins de rues... apres s'etre demene pour s'en faire envoyer un en express a Delhi... on l'a un peu saumatre. Et les prix sont meme equivalents voir inferieurs a ce que l'on trouve en Europe. Ma fois, les aleas du voyage... . C'est meme un peu le choc pour nous de penetrer dans le "State Department Store" et de decouvrir un enorme supermache digne des "Mall" americains. Ca nous change des marches de rues de Delhi!




Par contre, les logements... refletent toujours l'air sovietique. De vrai "clapiers a lapin", mais etonamment plutot bien entretenus. Pour loger les voyageurs petits budgets, la mode est d'amenager des appartements en dortoirs. Le tarif est tout occidental pour nous... mais vous l'aurez remarque, on se soigne! Et la fin du voyage approchant (la quoi?!) on se permet des petites (quelle euphemisme!) folies comme deux billets d'avion pour la Mongolie! Alors... l'apprentissage de l'ouverture de la bourse est plutot douloureux (payer plus cher pour deux lits en dortoir que pour une chambre double avec toilettes a la chambre?!!! Pas fous?) mais si mais si et on y survit plutot bien! Il suffit de ne plus faire les comptes, comme ca on ne voit pas l'argent filer... .

Treve de bavardages pecuniers... on a eu une chance monstrueuse de se retrouver dans un petit appart. de six lits avec deux autres cyclistes! Des belges qui ont pu nous filer plein de tuyaux utiles. Et lorsqu'ils sont partis... on a eu l'appart rien que pour nous! Avec une cuisine, un frigo, une salle de bain qui a une douche avec eau chaude! Quel bien cela fait, on a vraiment l'impression d'avoir notre petit chez soi... un reve.

On decolle avec peine de notre petit nid de reve, mais visa oblige, il ne faut pas trop trainer quand meme. 400 bornes nous attendent pour rejoindre Karakhorum, l'ancienne capitale de la Mongolie. Pas de souci, on commence tranquille avec une route goudronnee.

Une fois la zone industrielle derriere nous, on decouvre le "coutryside" (la campagne) comme ils disent si bien par ici. Et la, on se rend tout de suite compte, a quel point la Mongolie vit a deux vitesses: la capitale a l'occidentale et le reste du pays encore tres traditionnel, seulement innonde de certains biens vitaux (la tele et le natel?! Quelle surprise!) Sinon, des collines vertes, des collines vertes et des collines vertes... a perte de vue... . Et de temps a autres une petite ville consistant en quelques batiments en durs, comme l'ecole, l'administration, les eventuelles usines. Les habitations sont encore, pour la plupart des "gers" traditionnelles entourees de palissades (on imagine pour se proteger essentiellement du vent, vu que le sens de la propriete n'a pas l'air tres existant...).

Mais surtout, de la steppe, de la steppe, de la steppe et de temps a autre, une ou deux gers isolees et des troupeaux de moutons (des moutons? non!) et de chevaux qui paissent ou bon leur semble. Des routes qui donnent le tournis... avec un long fil de bitume qui va se perdre dans le ciel jusqu'a l'horizon! (Et nous qu'est-ce qu'on fait la? On pedale... non!) Et une fois l'horizon atteint... qu'est-ce que l'on trouve... un nouveau serpent qui file tout droit se perdre... dans l'horizon!




Des le premier soir, on est mis au parfum... apres avoir monte la tente au milieu de rien (de l'herbe a perte de vue dans les quatre directions), on a la visite de trois cavaliers ramenant leur troupeau de moutons. Ils s'arretent comme le veut l'hospitalite locale et commence nos premiers balbutiements en mongole. Autant dire que ce n'est pas tres glorieux. La langue a une facheuse tendance a supprimer tout semblant de voyelle et a faire petarader une kyrielle de consonnes a la suite... ce qui rend pour nous, meme les noms de villes imprononcables! Karakhorum serait donc quelque chose qui ressemble a Harhorin en faisant des H souffles et des r sonores. On ne voit vraiment pas le rapport... .

Cela ne fait pas une journee que l'on pedale... que l'on se retrouve deja les fesses sur un cheval! Nous qui n'aimons pas particulierement l'art equestre... cela parait plaire aux mongoles pour qui c'est un art de vivre de rigoler des occidentaux montant gauchement sur leur montures. J'ai de la chance, car pour une fille, ils se contentent de me faire faire un tour a la longe... tandis qu'ils donnent les rennes a Blaise et attendent qu'il fasse un tour... . Qui se resume en general a un animal qui broute imperturbablement sans faire mine le moins du monde de bouger un sabot! Au plus grands sourires de ces fiers messieurs!

Mais au fil des soirs et des rencontres, on finit par apprendre le "tchhou" qui semble a la fois faire avancer les chevaux, fuir les chiens et s'ecarter les moutons de son passage... pratique!

Autant etre prevenu... l'hospitalite sans gene est bien implantee ici... tout ce qui est a toi est a moi et j'entre chez toi sans crier gare... . Apres le coucher du soleil, repus et bien au chaud dans nos sacs de couchages, on entend un sonore "Sanbaynou" (bonjour) et ni une ni deux un pere avec ses deux enfants entrent dans la tente et s'installent en tailleur... tout simplement a nous regarder. Pas de probleme que l'on soit a moitie nus au lit! Pour nos habitudes occidentales, cela a plutot de quoi surprendre! Apres un petit echange de civilites a l'aide du petit dico et une cigarette, tout ce petit monde s'en retourne chez eux... ! Et nous on reste tendus dans notre tente, n'osant pas s'endormir, attendant la prochaine visite! Mais heureusement, morphee sera notre seul visiteur ce soir-la.

La Mongolie est proche de la Russie... et les russes ont la reputation d'etre de grands buveurs de vodka! Eh bien, rien a voir avec les prouesses mongoles (fait confirme par un francais venant de la russie)! Incroyable, la quantite d'alcool qu'ils sont capables d'avaler. Et cela commence des fois aux premieres heures de la matinee. Autant dire que nos petits gosiers ne tiennent pas la distance. Et quand a 9 heures du matin apres s'etre fait inviter par un cavalier, celui-ci commence avec la tournee d'"arak" (alcool local), ce n'est pas evident de leur faire comprendre qu'on doit pedaler. Le petit ceremonial commence par une petite giclee dudit liquide pour offrande au ciel... puis les offrandes vont droit dans le gosier! Et ce n'est pas de l'alcool de filette, ca arrache! En tant que fille j'arrive plus facilement a me "debiner", mais Blaise en repartant a du mal a rouler droit! Ca promet!




Apres 4 jours de pedalages agrementes de nombreuses pauses (pas toutes recommandables!), on sort de la grande route pour visiter un petit monastere. Premier avant-gout de la "vraie" campagne avec ses pistes en terre et malheureusement comme on va l'apprendre a nos depends, de beaucoup de sable! On commence deja a pousser (Deja! Encore!) pour parvenir dans une petite vallee absolument adorable ou le temps semble s'etre arrete. Niche dans le bas d'une colline a l'abri du vent de la plaine se trouve notre petit monastere. Il ne faut pas venir en Mongolie pour voir des monuments anciens. Pourtant le pays a eu une riche histoire, notamment avec l'empire mongol de Gengis Kahn, mais etant un peuple de guerriers nomades et non de grands batisseurs, rien ne reste a se mettre sous la retine. Ils ne savent meme pas ou se trouve la tombe de leur hero national. Et avec le passage des communistes qui ont voulu nivele toute histoire individuelle et surtout religieuse, tous les monasteres ont ete detruits. Il faut donc une bonne dose d'imagination pour s'immerger dans ces temps glorieux anciens... et pour le reste, on peut admirer les monasteres reconstruit depuis l'independance. Apres etre alle au Ladakh, c'est vraiment drole de voir, comme ici, ils se revendiquent des courrants du lamaisme tibetain et de les voir reconstruire, des monasteres exactement identiques tout autour du pays. Qu'il ait 500 ans ou vingt ans, la seule difference a notre oeil de neophyte sera les couleurs plus ou moins passees des peintures!




Et mes premieres dunes de sables! Depuis le temps que je serine Blaise pour voir des dunes (apres celles de l'Australie qui m'ont mise en haleine...), on croise les premieres sur notre chemins. Il ne faut pas etre dote d'une incommensurable imagination pour se douter qu'aux pieds de dunes de sable... on aura une piste en sable! On savoure ces 10 km de poussage en "priant" pour ne pas trop en trouver dans le desert de Gobi! (Toujours aussi sur de vous les "petits"? Mais oui, on peut aller partout en velo!)

Quelle frustration, on passe notre jour de repos sous la pluie! En guise de dunes, on admire le merveilleux tissu jaune du toit de notre tente... de quoi on se plaint? C'est la meme couleur non?! On est gratifie du meme temps "degueux" pour notre depart, quelle motivation! La bonne occase pour tester les petits "shops/restaus" qui sont installes au bord de la route a hauteur des villes! Et qu'est-ce que l'on y mange: du MOUTON! Vous a-t-on deja dit que la nourriture de base du mongole est le mouton agremente de laitage? Tout pour plaire a un palais non initie! Et il ne faudrait tout de meme pas tuer un mouton trop jeune, ce serait du gaspillage, il faut bien attendre que la viande ait son fumet absolument goutu! D'ailleurs, il suffit d'entrer dans n'importe quel batiment habite pour sentir cette douce senteur odorante de: mouton! Mais ne croyez pas faire passer le gout a vos papilles quelques peu en etat de choc par une bonne gorgee de the. Car celui-ci est agremente de sel et de lait de chevre (bien parfume lui aussi), ce qui au demeurant ne serait pas trop tragique, s'il n'y avait ce petit detail domestique culinaire: la cuisine mongole est tout simplement equipee d'un gros fourneau central (au bois ou au bouze de yaks et autres) dote d'un gros recipient metallique unique, dans lequel tout est cuit. Le mouton... et le the. D'ou un bon petit fumet surajoute a celui-ci qui a le don d'enchanter nos papilles occidentales! Et si l'on veut varier le menu, on a le choix entre: steak de mouton (le pire), boulettes de mouton, "momos" (raviolis) de moutons (le moins pire, car melange a de vague legumes), nouilles au mouton, patates au mouton (depend de la quantite de mouton, et surtout de la quantite de graisse, donnee particulierement aux invites)... Tres varie et tout avec le meme gout de: mouton... ineffable! Et inutile d'essayer d'expliquer que l'on ne mange pas de viande. De toute facon tout est cuisine dans ce meme recipient et tout melange de base et le menu est le meme pour le dejeuner, diner et souper. Donc impossible d'echaper au: mouton!




Mais heureusement pour nous,la mongolie est dotee de grands espaces, ce qui implique pour tout cycliste qui n'est pas une foudre de guerre comme nous de faire de nombreuses etapes entre les bourgades impliquant de transporter sa propre nourriture et sa propre eau! Du coup, du moment que l'on transporte entre 10 a 18 litres de "flotte" est-on a un kg pres de pates? On fait donc les douillets et l'on se cuisine nous-meme la plupart du temps... a moins que l'on accepte l'hospitalite de quelqu'un.

Karakhorum, notre premiere grande ville depuis Ulaan Baatar. Impression tellement bizarre d'arriver "quelque part" apres ces km de steppes vertes. Deja la circulation aumgente, ce qui nous vaut une rencontre plutot etonnante. Deux types sur une moto trouvent tres drole de nous foncer dessus en tenant a notre hauteur une de ces perches qui servent a attraper les chevaux. Gag d'ado stupide qui sert juste a faire peur. Comme quoi, il y a des cretins partout. Mais ici, j'ai plutot l'impression qu'ils ont de sacres problemes avec l'alcool. On voit vraiment des gens saouls du matin au soir. C'est etonnant comme chaque pays a ses propres problemes. En asie du sud-est, c'etait plutot l'herbe, la "bettel juice", l'opium et ses derives. Ici c'est l'alcool. Et ce n'est pas forcement dans les lieux les plus pauvres ou miserables que l'on voit le plus de gens sombrer dans l'adiction... . En tout cas par ici, il faudra bien que les autorites se decident a faire quelque chose.

Karakhorum, ville typique de gers enclavees dans des quartiers ceintures par des palissades. Dont chaque carres possede son petit magasin, epicerie. Chaque fois que l'on entre dans une ville, on se sent completement paumes. Contrairement a ce a quoi, l'on a ete habitue, les gens nous ignorent superbement (parait-il fait extremement surprenant en Russie) et nous regardent passer de leur "air mongole". Difficile a trouver un mot pour cela, mais l'on a remarque que chaque culture a vraiment sa facon particuliere de regarder. Au Myanmar, c'est a dix cm de ton visage, droit dans les yeux; ici c'est plutot la tete penchee, l'air de se dire: de quelle planete ils debarquent ceux-la? Vous direz peut-etre que vis-a-vis de deux cyclistes cela pourrait s'expliquer, mais entre eux, ils se regardent la meme chose et sans se dire bonjour. Manifestement le bonjour est exclusivement reserve a une entree en discussion.

Pour notre plus grande chance, les magasins de nourritures sont toujours surmontes d'une enseigne contenant des photos de nourriture. Cela nous aide grandement a nous reperer, car le cyrillique, n'est vraiment pas notre fort. Et l'on a la chance de tomber sur l'ouverture du nouveau supermarche! Tout neuf, fraichement termine, presque premiers clients, on fait le plein de pates de riz, de pain et surtout de biscuits, chocolats chips et toutes les petites betises que l'on ne trouve que dans les grandes villes. Mais en matiere de legumes, n'exagerons pas. On ne trouve que des pommes. Les mongoles se revendiquent eleveurs et aucune chance de les amener a cultiver une once de terrain!




On etablit le camp a 2 km de la ville au bord de la riviere. Quel plaisir d'avoir de l'eau a profusion et de ne pas devoir economiser! Mais on n'est pas aussi courageux que les locaux qui viennent a la riviere pour faire leurs ablutions. L'eau doit etre au moins a 5 degres et au-dehors je porte deux polaires! C'est vraiment drole de les voir se baigner sans aucune gene ni pudeur. Apres le passage au sud-est ou en tant que femme, je devais faire hyper gaffe a ne pas montrer des epaules nues, ni me devetir devant les hommes. A la riviere, c'etait toujours en pareo, pour ne pas devoiler sa peau. Ici, rien de tout ca. Tous le monde en culotte, dans la riviere. Et l'on se frotte a qui mieux mieux parmi tout sexes melanges! Et pour les toilettes, c'est pareil. Comme il n'y a pas de lieux particuliers (sauf dans les villes: une cabanne avec un trou) chacun s'eloigne du groupe de quelques pas (faut pas trop se fatiguer alors pas trop loin) et l'on procede a l'operation, femmes comprises! Culture.... culture....

Heureusement que l'on a ete frileux, car on est alle quemander une douche au camp de gers touristiques du coin. Blaise ayant dit qu'il etait ingenieur pour ordis, se retrouve a essayer de soigner la premiere "internet ger" de Mongolie. Faut pas dire qu'il n'a pas reussi a reparer le probleme essentiel! Mais d'avoir pu installer leur imprimante semble leur avoir suffit et du coup, ils nous offrent de passer deux nuits dans une de leur ger vide. Quel paradis. Une ger rien que pour nous, et robinet a disposition. C'est la fete. Et en plus, il a plus la moitie du temps... . Sacree chance.




Karakhorum a la chance de posseder un des rares monasteres a ne pas avoir ete detruit. Et il est effectivement magnifique. A nos yeux il rassemble un sacre melange de style tibetains, agremente de petits toits qui nous rapellent nos cliches sur la Chine. Et petite ironie de la part de quelque artiste fondateur, ils ont sculpte une statue de phallus, qui aurait pour but de rappeler aux moines le peche d'un tel engin (...tout de meme un peu a l'ecart du monastere... pas fou quand meme!). En tout cas a voir ledit instrument, il n'y a pas de quoi rendre fier, la gente masculine. Mais en tout cas cela aura fait rire des wagons de touristes! Et a en croire de nombreux recits glanes ici et la, les moines sont bien de nature humaine et le peche de chair, ne leur est pas vraiment etranger!

Direction Arvaikeer, la porte du desert de Gobi! Cette fois, c'en est fini du goudron, on s'enfonce dans la campagne profonde. Toujours des collines verdoyantes, mais cette fois, on s'engage dans de multiples petites vallees avec passages de petits cols (...d'au moins 80m de denivelle!). C'est vraiment tres beaux et a nos yeux relativement varies (sans exageration tout de meme!) On croise beaucoup de troupeaux de moutons et chevaux et l'on se demande a chaque fois a qui ils appartiennent... perdus au milieu de nul part a des km des gers. On voit nos premiers troupeaux de yaks.




Et que de rencontres dans ces contrees perdues! Ce qui nous vaut la degustation de la deuxieme delicatesse de la Mongolie l'"airag" ou lait de jument fermente. Autant dire que cela est particulierement goutu et qu'il faut se concentrer pour ne pas recracher le contenu de notre bouche droit direct par le nez! Et la piece de resistance, c'est bien entendu le fromage local: un morceau de brique blanche a se casser les dents et au gout tout a fait delectable! Et pour une fois, c'est a Blaise de declarer forfait, chacun son tour, il me finissait mon poisson seche et a moi de terminer son fromage!

Mais treve d'estomacs sensibles, on passe de tres agreables moments. Lorsque l'on se fait inviter, on est introduit dans la maison, la ger traditionelle. Celle-ci est immuable, cylindrique avec le fourneau habituel au milieu. Au nord se trouve l'hotel sacre (pour les boudhistes) ou les photos de famille, mais d'apres notre experience, le plus souvent on y trouve la tele! Il y a un lit a l'est et un a l'ouest qui est la place d'honneur pour les invites. Et la porte au sud. Apres etre assis, c'est la ronde des offres: de the sale, d'arrak, de fromage, de petits biscuits (au beurre et farine et fort heureusement sucres, mais etouffe-bouc!) et si l'on reste assez longtemps le petit digestif a l'arak. Au fur et a mesure on s'habitue... . Et on discute a l'aide du petit guide. La nationalite, l'age, mariage, enfants... comme d'hab. Mais la distinction locale est le troc. Pas de rencontre en Mongolie sans tentative d'echange! On nous propose des habits et ils convoitent la montre de Blaise, les velos, etc. Mais cela reste de simples propositions et le non est bien accepte. Pour une fois, cela parait etre vraiment encre dans la culture, et pas seulement dirige contre les touristes.




Sur la route, notre unique ville point d'eau est Kujirt qui est egalement reputee pour ses bains therapeuthiques. Occasion a ne pas manquer! Toute la difficulte de l'operation est de trouver l'endroit. Toujours aussi paumes a l'arrivee en ville, on parvient a un immense complexe rectangles betonnes avec plein de monde. On s'imagine que c'est la. Mais cela ne nous avance pas beaucoup plus. Apres avoir demande les "bains" on se fait renvoyer a qui-mieux-mieux dans differents endroits ce qui nous donne tout le loisir d'admirer ces merveilleux batiments sovietiques. Chaque fois que l'on penetre a l'interieur on se demande si l'on ne va pas recevoir le batiment sur la tete. Tout est lepreux, delabre, il suffirait de voir a l'exterieur des barbeles pour se sentir dans un camp de detention sovietique. Notre determination commence a vaciller serieusement et l'on doute du bien-fonde de notre idee. Quand finalement apres une bonne demie-heure d'attente devant une petite table ou un "geolier' fume ses cigarettes et a qui on a l'air de poser un serieux probleme, on se fait introduire dans une petite salle: et la c'est la revelation. Passant du delabrement et de la decrepitude ambiante on se trouve devant de grandes baignoires flambantes neuves, le tout decore de jolis rideaux et guirlandes de fleurs. Une demie-heure dans un bain de bulles/massages a 37 degres en plein milieu de nul part! Meme pas une once de goudron dans toute cette ville. Les gens n'ont pas non plus d'eau courrante, tous le monde va se servir comme nous avec des boillons sur des chariots a roulettes aux differents puits de la ville! Cela ressemble quelque peu a un mirage. Par contre, on s'en est souvenu longtemps, parce qu'apres avoir fait le plein d'eau pour les trois jours suivants on a eu droit a l'eau sulfureuse au gout d'oeufs pourris. Vraiment "degueulasse" mais parfaitement potable et plein de vertu!




Encore deux jours dans ces belles collines avant de parvenir a notre prochaine grande ville etape: Arvaikeer. De nouveau une arrivee memorable par les hauts de la ville. Perdus dans ces collines recouvertes de ces quartiers de gers enclavees, on met un certain temps a trouver le centre ville. Cette fois, on fait les douillets et on se paie une chambre d'hotel! On en profite pour faire le plein de nourriture pour affronter le desert de Gobi! Le marche est rigolo par ici, c'est une succession de gros containers alignes qui servent de magasin. Apres maintes recherches on trouve meme les spaghettis que l'on veut! Et des petites tomates!

On profite d'un jour de repos pour visiter le musee de la ville. Tres rigolo, genre un peu vieillot et surtout tres desert. On ouvre la porte fermee a cle, rien que pour nous. Et un guide est la pour nous expliquer la visite. Pas evident avec trois mots d'anglais, mais le gars est un vrai passionne et cela fait plaisir a voir. Vu qu'il n'arrive pas a nous expliquer avec des mots, il saisit tous les objets et nous fait des demonstrations! Il touche tous les animaux empailles comme si c'etait ses peluches! On a droit a une demonstration de la maniere traditionelle d'allumer le feu avec une "pierre a feu" (il parait de la silice?) et un etui suspendu a la ceinture contenu de l'edelweiss sechee et permetant de frapper la pierre avec du metal. Il a reussi en un tournemain, mais nos efforts n'ont meme pas reussi a produire une etincelle!

Mais cela ne nous a pas empeche de scruter le desert les jours d'apres pour trouver une "pierre a feu". Et on a trouve! Il faut dire que l'on a eu le temps d'en voir defiler des cailloux et pas forcement a une vitesse particulierement rapide! Par contre, pour l'allumage... on s'est contentes de l'etincelle! Et on a rachete des alumettes!

Depart pour le desert de Gobi. C'est leste de dix jours d'autonomie de nourriture et de 18 litres de flotte (3 jours d'autonomie) que l'on quitte la ville et sous la pluie! Il faut dire que l'on ne s'est pas prive. Du moment qu'on avait tout ce poids d'eau, on s'est permis de prendre, du nutella, de la confiture, du ketchup! Et 4 kilos de pain! Le tout pour agrementer notre regime: pate, riz, semoule! Il ne faut pas se laisser aller tout de meme!

Les 30 premiers kils sont une vraie brise. Une piste dure comme du beton un leger faut plat descendant: on se sent les maitres de la steppe! On se voit deja traverser le desert en trois coups de pedales! A voir ces immenses etendues, qui se desertifient de plus en plus, on quitte les collines, plus que du desert sur 360 degres. On se sent pousser des ailes. Les troupeaux s'amenuisent, on voit de moins en moins de gers. Mais quel n'est pas notre surprise de croiser: un velo! Un jeune gars, garde ses moutons avec un velo! On n'en croit pas nos yeux quand il vient nous rendre visite!




Nos ailes se racourcissent tres rapidement, apres la piste dure... vient le sable! Et dire qu'il ne nous reste que 500 km... ca promet! On parvient tout de meme a pedaler la majeure partie du temps, mais de maniere recurrente, on parvient dans une partie plus sabloneuse et l'on s'enlise. Il faut alors pousser et repartir. Un peu epuisant pour les nerfs. On essaie de garder le moral en esperant que la route sera meilleure pour la suite.

Notre premier point d'eau, c'est-a-dire petite ville, se trouve bien ou le dit le GPS. Pas mal non?! Sacrement agreable, ce petit joujou. Quand de multiples pistes s'offrent a nous... on lui demande son avis et il nous donne direct la bonne direction! Et meme pas besoin de lui refiler un "bakshish"! La ville en question fait tout de meme une bonne taille (selon le standard mongole, s'entend!). Un ocean de sable parseme de gers palissadees! On se croirait sur une plage... ne manque que l'ocean... . On est un peu rassure, on ne savait pas trop a quoi s'attendre dans le desert... car on aura besoin de refaire le plein de vivre en cours de route. Il nous faut comme d'habitude un certain temps pour parvenir a se faire comprendre et se faire escorter par une horde de gamins au puit de la ville (un trou ferme par une planche ou l'on se sert a l'aide d'un pot suspendu a une corde). Les gosses sont hilares et tout contents de remplir nos bouteilles. Geste fort sympathique, mais du coup on a eu droit a la moitie du sable environnant egalement, dans les bouteilles! Pas sur qu'on aurait fait mieux, et ca rajoute du gout a notre regime pate... Les gens de la ville sont tres hospitaliers et l'on se fait aborder de toute part pour faire la conversation. C'est hallucinant, mais on croise un nombre incroyable de juges. Que font-ils dans ces villes paumees de trois habitants et demis?




Mais on decide de ne pas trop s'arreter, il nous reste encore de la route a se mettre sous les roues. Normalement, sur tout ce troncon, on est sense longer une riviere. Mais elle est a sec. D'apres des infos de cyclistes que l'on s'etait procure, la route etait dur et roulante et ils pouvaient prendre de l'eau tous le long de la riviere. Eh bien pas de chance pour nous... la route s'est transformee en sable et cela fait deja deux cent kils que la riviere est assechee! On en est donc reduit a porter l'eau et a "charogner" avec l'impression de pedaler dans la semoule. Mais le paysage nous plait toujours, le sable est recouvert d'une petite herbe rase et de minuscules arbustres qui parfois sont rouges et donnent de magnifiques couleurs mordorees a la plaine. Et quelle liberte. On peut camper partout! On se fixe: allez 40 kils pour aujourd'hui! A 39.9 on ralentit et a 40, on plante la tente! "Ou tu veux la mettre? A gauche ou a droite?"! Les couchers de soleil sont fabuleux. On voit la lumiere descendre tranquillement, les ombres s'agrandir, et l'on est la a se sentir tout petit, avec du vide, du rien sur 360 degres! On se sent si petit et si puissant a la fois de parvenir a etre la, rien qu'avec nos deux jambes et nos velos. On peut s'arreter partout, se faire la popote et un bon petit chez soi douillet sous la tente.

Des plaines a perte de vue, du vide... on comprend pourquoi, maintenant, les gens du coin sont adeptes du boudhisme: faire le vide en soi par la meditation! Eh bien, il suffit de regarder autour de soi... et le vide est en toi! Mais rassurez-vous, on est loin de se convertir. La meditation ce n'est pas vraiment pour nous. Et ce qu'on a vu de l'application des ecrits du boudha est bien trop etrangement adapte a notre gout. Mais, en revanche, les paysages desertiques sont a notre gout.




Derniere petite ville avant d'affronter un grand changement dans le paysage. On s'arrete dans un petit restau, histoire de voir du monde et de poser ses fesses sur une chaise. Et on mange des "momos" a quoi? Au mouton! Malgre le manque de conversation, c'est sympa de voir des tetes avenantes, et ils nous font meme le plein de nos 18 litres de flotte.

Ledit grand changement dans le paysage est une barriere de collines qui traverse l'horizon. C'est magnifique a voir. Des collines de cailloux, grises et brunes qui barrent l'horizon. Mais on n'est pas au bout de nos peines. Lesdites collines, ont la mauvaise idee d'etre completement en sable. On traverse des vallees minuscules qui sont en fait le lit ancien de riviere (a se demander quand il a pu y avoir de l'eau ici!). Cette fois la selle du velo ne nous sert a plus grand chose, et l'on se resigne a pousser sur une bonne dizaine de kils. On en vient presque a regretter notre ketchup (surtout qu'on a pris la grosse bouteille d'1L)! On esperait arriver a un petit monastere niche dans les collines, mais je declare forfait plus tot et l'on campe a 4 km. Bien m'en pris, car les 4 kils de poussage sont deja bien difficiles au petit matin. Drole d'arriver a ce monastere. Celui-ci est sur le circuit touristique de certain tours qui proposent la traversee du desert de Gobi. A notre avis, un peu attrape-touriste. Le monastere devait etre superbe, mais il a ete detruit par les communistes et celui qu'ils ont reconstruit est joli, mais ne vaut pas le prix d'entree! En plus, le gars qui s'occupe du lieu, nous quemande des piles. On se sent un peu pressurise, sentiment que l'on n'a pas du tout eu jusqu'ici.

On sort enfin des collines. C'est avec soulagement que l'on retrouve une piste plus ou moins roulable. Et que l'on est de nouveau dans une de ces plaines de nos coeurs! Rien de rien de rien... . La vegetation commence vraiment a disparaitre, il n'y a plus que quelques mouchets ici ou la. Depuis que l'on est dans le desert, on croise beaucoup moins de monde et nos visiteurs noctures brillent par leur absence. En effet les seuls gers que l'on voit sont a des dizaines de kils de la piste. Pour aller rendre visite a son voisin, par ici, c'est 30 kils de moto! Pendant la journee on croise quelques jeeps, quelques bus sovietiques et c'est tout.

Alors c'est dire si on a ete content d'avoir de la visite ce soir-la: un troupeau de chameaux! Et autant vous dire que ce sont des animaux curieux. Tout d'abord, ils nous observent de loin, se rassemblent en un grand conciliabule, l'air de fomenter le plan d'attaque, puis pris d'une inspiration subite, le chef s'elance et tout son petit monde suit a la file indienne et passent a 5 metres de notre tente, en observant tout au passage! Un vrai film comique.




Et on pedale, on pedale... dans cette immensite. Pas ame qui vive sur des kils. C'est dire que lorsque l'on apercoit une ger au loin, on a le temps de l'observer, avant de l'atteindre. Et l'on voit un cavalier s'approcher tranquillement de nous, pour nous offrir le the. Encore un petit episode de civilites tres sympathiques. Heureusement que l'on n'a plus beaucoup a pedaler pour la journee, parce qu'avec l'estomac alourdit d'airag et de fromage, on serait bien en peine! Par ici, on est vraiment loin de l'influence des villes. La seule concession au modernisme, c'est le panneau solaire pour faire fonctionner la tele! Sinon, pas de moto, pas d'electricite et pour tout mobilier, c'est le fourneau au milieu de la ger. Sinon, on dort a meme le sol. Et on ne sait pas a combien de kilometres ils doivent aller pour trouver un puit avec de l'eau. Ici dans le desert, ils creusent des puits et a cote construisent des sorte de mangeoire pour y verser l'eau afin que le betail puisse boire. Si seulement on savait ou se trouvent ces puits... mais de toute maniere probablement bien trop loin des pistes pour notre usage. Tout tourne autour du betail, des moutons et des chevaux. Par exemple, ils conservent l'airag dans une immense outre en peau de cheval sechee et traitee pour etre etanche. Et les inevitables petits fromages sechent sur le toit de la ger.

Cette famille est adorable. On communique tant bien que mal avec notre dictionnaire. C'est un sacre element positif du communisme, tous le monde va a l'ecole et le taux d'alphabetisme du pays est plus haut ici que chez nous (...alors Remy, mais que fais-tu donc?)! Les enfants quittent les familles pour se joindre a la grande ville la plus proche et logent chez des membres de la famille. Ils ne rentrent que lors des vacances, ou si leur ger est assez proche, lors des week-end. C'est etonnant, mais pour un pays d'Asie, le taux de natalite est tres bas. Souvent, entre un et trois enfants seulement. Le gouvernement pense meme encourager les naissances par des subventions... quand on pense a la Chine toute proche... .

Mandalowoo, enfin une ville. On en a bien besoin pour refaire le plein de vivres (enfin... surtout les biscuits et chocolat, car le principal on a jusqu'a notre destination). Des notre arrivee, on sent tout de suite une difference d'ambiance par rapport aux autres petits bourgs que l'on a croise. On est scie de croiser des gamins qui nous tendent la main et reclament "money, money"! La premiere fois que cela nous arrive depuis que l'on est parti! Et en plus ce sont des petits ecoliers, dans des habits flambants neufs et bien nourris. On comprend tres vite, on croise egalement pour la premiere fois, un mini-bus plein de "backpackers". Parvenus au sud de Gobi, on entre dans la zone qui est investie par les tours operateurs et les voyageurs independants. D'ou on imagine le complet changement d'ambiance. Plutot triste, mais malheureusement universel dans tous les pays.

D'ailleurs le soir d'avant, a quelque 20 kils de la ville, on avait deja fait une rencontre etonnante. Un gars en moto nous rend visite que l'on recoit avec les civilites habituelles. Mais le type revient a la tombee de la nuit avec sa copine et un mouton. Il nous fait comprendre qu'il veut nous vendre le mouton et qu'il l'egorgerait pour nous. Mais bien sur... que ferait-t-on de toute cette viande a mettre sur nos velos? Et du mouton, pas fou non?! Mais ledit gars, n'apprecie pas notre refus et commence a prendre ma sacoche et en sort le porte-monnaie. On en est tellement souffle que l'on n'y croit pas et restons la a le regarder se servir d'un billet de 5000 T (togrot, monnaie locale, environ 6 francs). Et il le met dans sa poche (...pour l'essence nous dit-il)! On commence a se poser des colles, on reclame l'argent, mais il monte sur sa moto et demarre. On en est reduit a lui voler ses cles pour l'empecher de partir. S'ensuit un semi-jeu a se lancer les cles, qu'ils essaient de recuperer. Puis Blaise lui sabote sa moto en enlevant le capuchon de la bougie. Il faut une bonne demie-heure d'etranges luttes pour que le type comprenne qu'on ne plaisante pas et que les touristes ne sont pas des cretins que l'on peut traire comme des vaches a lait. Non mais! Il finit par nous rendre l'argent contre ses cles et part de mauvaise grace. On en reste "sur le cul" a se poser des colles. On verrouille bien les velos a la tente, cette nuit-la.

On est donc bien surpris par cette etrange ambiance en arrivant en ville. Mais on aurait du sentir le coup venir... a peine le dos tourne, un compteur a velo en moins. Et le mien fort heureusement, a tenu le coup, malgre des efforts manifestes pour l'arracher. On est d'un vexe et decus. Blaise fait des pieds et des mains, racontant a qui veut l'entendre que l'on s'est fait voler. C'est bien trop facile de voler un touriste qui va partir sur le champ et ne rien dire. On se retrouve rapidement entoures d'enfants. Tous le monde a l'air de savoir ce qui s'est passe et qui a vole quoi, et cela parait tres interessant et tres rigolo. Il faut se battre pour que les gosses n'approchent pas les velos et ne touchent pas tout. C'est la premiere fois que l'on sent, cette jalousie, cette sorte d'antipathie a l'egard des touristes. Pourtant, ils sont loin de manquer de tout. Les natels derniers cris sont legions (a 200$ la piece en Mongolie), il ont des velos (de moindre qualite, il faut l'avouer) et toute sorte de gadgets. Au final, on assiste a une magnifique scene qui aurait merite une petite etude sociale. Apres deux bonnes heures, les gosses nous disent de pas partir que l'on doit attendre quelqu'un. Et l'on voit arriver sur un velo un policier dans un uniforme flambant neuf! (A parier qu'il vient de se vetir dans les dix minutes qui precedent!) Et comme moyen de transport, il n'y a rien de plus adequat pour un policier dans une ville dont le sol est recouvert de 5 cm de sable!

Il s'avererait que c'est un petit gosse qui l'aurait vole et l'aurait cache dans le sable ou etaient les velos. Mais bien entendu le compteur n'est plus sous le sable. Le gosse se serait-il fait doubler ou joue-t-il la comedie histoire d'attendre que l'on s'en aille? On n'en sait trop rien et l'on finit par s'en aller. On voulait simplement que l'histoire ne reste pas sans suite. On espere juste que le gamin qui se fait punir est bien le bon! Mais finalement ce sont leurs affaires. Et avec le vol, il semble bien y avoir quelques problemes dans cette region. Ce que l'on n'a pas du tout senti au centre et au nord. Est-ce parce qu'il y a plus de touristes qui passent rapidement avec des tours? Ou des peuplades differentes? Mais un autre soir, ou l'on campe dans un camp, des gosses jouent avec nos sandoz. Et comme par hasard, ils ne reaparaissent pas. Lorsque l'on les reclame, on nous les rend, mais avec un de moins. Et le gosse commence a chercher, chercher partout. Comme un petit air de deja vu non? Comme par hasard, il en aurait perdu un. Apres tout ce qui s'est passe, on n'y croit plus. Le vol ne semble pas vraiment prohibe par ici. Et lorsque l'on se fait heberger dans une famille ou l'on passe la nuit plus tard a Dalanzangdad, le pere ferme a cle la chambre qui contient nos affaires. Dans sa propre maison! On en tombe des nues. Apparemment le "ce qui est a toi est a moi" a l'air de faire la loi par ici!




C'est donc un peu decu de nos dernieres rencontres que l'on quitte Mandalowoo. Mais le paysage nous remet "de bonne". Si ce n'est la route, qui devient de plus en plus execrable. On doit d'ailleurs couper a travers la steppe pour rejoindre une autre piste, car celle que l'on avait pris partait trop a l'est. Ce devrait etre facile de trouver notre chemin, car il n'y a qu'une route sensee rejoindre une ville a une autre. Mais en fait, il y a des pistes qui partent dans tous les sens a la sortie des villes. Au final, elle reviennent toute au meme endroit, apres etre passees on ne sait pas trop par ou. Mais pour nous, on essaie tout de meme de suivre la route directe. Pas toujours evident a trouver et au final, on ne sait jamais si l'on a pris la piste principale. Mais, plutot, il ne doit pas y avoir de route principale. Chacun y va de sa petite idee et coupe a travers la steppe... . Cela a meme un petit cote rigolo de naviguer au GPS au milieu de ces immensites. Le paysage devient encore plus desole. Le sable n'est plus recouvert que par une fine couche de gravillons gris ou bruns. Des minuscules dunes font onduler, le paysage, c'est magnifique. Mais, cela a beau etre magnifique... le terrain de vient catastrophique! Qui a dit que le desert de Gobi, n'etait pas un desert de sable! Qu'il y aille en velo et il verra! On commence a ne plus pouvoir avancer, on ne fait que pousser et notre prochain point d'eau est a plus de 60 kils! Une paille quand ca roule, mais a la marche en poussant ca devient la "cata"! Plus qu'une nuit d'autonomie d'eau. Et le temps qui se joue de nous. La tempete se leve, un vent a decorner les boeufs en pleine face. Si par quelque miracle la route permet de rouler sur cent metres, ce n'est meme pas la peine, on n'arrive pas a guider tellement il y a de vent. On se retrouve a la perpendiculaire en moins de deux! Et le vent souleve des tourbillons de sable, ca fait mal sur la peau, ca pique comme des aiguilles. Mais c'est beau, on traverse une series de dunes (de sable! Non!) grisees aux formes fantomatiques.




On se force a faire la moitie des kils pour etre sur d'arriver le lendemain a notre point d'eau. Le soir, on a toutes les peines du monde a monter la tente. Des que l'on met la toile, tout s'envole et s'arrache. Finalement apres une bonne heure et des tendeurs supplementaires on se met a l'abri a l'interieur. C'est un temps special, il fait une cannicule incroyable. Dehors a torse-nu sous le vent forcene, on creve de chaud. Sous la tente on cuit. Le vent est tellement violent que la tente completement fermee, une fine poussiere de sable passe a travers la toile. On se croirait sur une plage, on est completement saupoudre de sable. Et la nuit: l'orage du siecle et une pluie dilluvienne. Qui a dit qu'il ne pleuvait qu'une fois tous les trois ans dans le desert? Et bien pour pleuvoir, il pleut. Et l'on est bien content que notre tente ait survecu a la tempete!

Apres la canicule... la froidure! La pluie a cesse, mais il fait un froid de canard! C'est la premiere fois que je pedale avec tout mes sous-vetements de skis et mes trois polaires! On nous avait promis la "rotissoire" (parce que trop tot dans la saison) mais c'est plutot le "cryogenisateur"! On profite de pedaler le plus que l'on peut le matin, car la pluie a rendu le sable plus dur et donc un peu plus roulant. Mais cela ne dure pas et on pousse de nouveau par intermittence. Mais vu que le vent est absent... on se sent revivre! Et on finit par arriver a notre destination dans l'apres-midi: le camp pour touriste de Bayanzang. Un site touristique comportant des formations de sediments et une sorte d'oasis dans le desert. Le tourisme bat son plein par ici, des cars et des jeeps n'en finissent pas d'arriver. Apres ne pas avoir vu ame qui vive pendant tout ce temps, c'est un peu le choc! Le sens de l'hospitalite local, nous laisse un peu pensif. On refuse de payer 20 dollars pour une ger et demandons pour planter la tente a proximiter du bloc toilette et payons pour une douche. Cela ne pause aucun probleme. Mais apres un moment, la proprietaire revient et nous propose de prendre une ger gratuitement?! On ne comprend pas bien. On refuse, vu que cela parait plus etre du a une sorte de pitie ou de sens de l'obligation que l'on ne comprend pas. Du coup, ils ont l'air satisfaits de notre refus et nous apportent du the! Le lendemain, c'est le week-end et les enfants de la proprietaire sont la et nous demandent d'utiliser les velos. Ils s'en donnent a coeur-joie, meme un peu trop a notre gout. On doit rappeler que ce ne sont pas des engins indestructibles. Et quand on voit le velo du grand fiston completement detruit on se fait un peu de soucis. Mais cela ouvre le dialogue et on se fait inviter par la famille pour un repas au restau. La classe d'etre assis bien au chaud a une table!

Les formations de sediments sont magnifiques! Et le lieu extraordinaire. Du desert, du desert, cette fois sans aucune vegetation, du sable recouvert de gravillon, puis soudain ces formations de roches bruns chauds et tout a cote, une sorte d'oasis recouverte de grosses "herbes a chats" geantes et de petits arbres rabougris aux racines profondes. Un lieu a faire rever. Mais pas trop longtemps, car le vent se remet de la partie et la "cramine" est la qui nous force a aller se refugier un peu sous la tente.




Plus que cent bornes nous separent de notre but ultime a velo dans le desert de Gobi. Plus que cent bornes et nous auront droit a une bonne "guesthouse" et un lit au chaud! On se prepare a trois jours de route, vu les conditions de pistes catastrophiques que l'on a eues jusque-la. Les premiers vingts kils sont fideles a nos attentes. On retrouve notre desert de sable imberbe recouvert de gravillons et une piste detestable. Par contre eole est avec nous et souffle dans le bon sens. On savoure ces derniers paysages de desolation sachant que l'on va bientot en sortir pour "la grande ville"! Mais quel n'est pas notre surprise quand a la mi-journee le paysage verdit et l'on experimente un veritable "retour a la terre"! De l'herbe, et une piste dur! Quelle revelation. On n'en croit tellement pas nos roues qu'on en pedale comme des forcenes et faisons 60 kils de la journee. L'appel du bon lit et du supermarche plein de "betises" a grignoter se font sentir!

On arrive donc un jour plus tot a Dalandzagdad, capitale du sud Gobi. La fin du pedalage! Maintenant, ce sera du voyage grand luxe avec location d'une jeep pour aller voir nos fameuses dunes de sables, etape ultime de la Mongolie!

La ville n'est pas particulierement accueillante, tout y est hors de prix en matiere de logements et l'accueil des touristes a notre gout un peu mitige. En plus apres une nuit dans une guesthouse, on se fait fiche dehors sous pretexte que la proprietaire part a Ulaan Baator, donc tout ferme! On stresse donc notre depart en jeep. (Et mes jours de repos?!) On dort chez notre chauffeur qui possede une maison en dur, mais sans eau ni toilette, bien entendu. Mais il a la tele et surtout un ordinateur flambant neuf, malade bien entendu (et que Blaise n'arrive pas non plus a soigner!) Il faudra qu'on lui trouve une autre profession je crois! (Je prend la parole pour ma propre defense: un gamin qui ecrase des fichiers systemes avec une installation d'un jeu pourri, et ma modeste personne etant privee de toute aide exterieure tel que CD d'installation. Je plaide non coupable!)

Ils vivent a 6 dans cette maison et on a un peu honte a les reduire a dormir tous dans une minuscule piece alors qu'ils nous laissent le salon rien que pour nous. Mais paiement oblige... . Depart dans notre fameuse jeep sovietique! Il y a de l'argent pour les multiples natels, l'ordis, la tele, mais surtout pas pour racheter un nouveau radiateur a la jeep. Celui-ci gloutonne des litres et des litres de flotte! Et a chaque arret, notre chauffeur demontre un peu plus de ses capacites de bricoleurs, pour reparer une porte qui ne ferme plus, la pedale du frein qui tombe, le circuit electrique qui s'arrete tout bonnement de fonctionner! Un vrai poeme. Mais contrairement a la coutume, on ne reste bloque nul part... on n'en revient pas! Il est vraiment fort ce chauffeur!




Le desert n'a pas le meme charme a travers une vitre de voiture que lorsqu'on le traverse a velo. Mais on apprecie les deux sites que l'on a prevu de voir. Tout d'abord, une gorge ou l'on peut faire une ballade de 5 km a pied. On y croise des touristes mongoles: des juges! Encore!

Et cerise sur le gateau, les dunes de sables Kanghorin Els. Fabuleux! La steppe, la steppe et l'on voit apparaitre gentillement un long ruban couleur brun pale. Des dunes a pertes de vue qui barrent tout l'horizon. On s'y enfonce a pieds pour une bonne petite marche. On croit suivre les traces de touristes faisant une boucle, mais ce sont en fait des traces d'une caravane de chameaux! On finit par les quitter pour retourner au campement. On a une chance inouie, seul rien que nous deux dans les dunes. Pas un touriste a l'horizon et des dunes de sables immaculees sans aucune trace. Des dunes dans tous les sens jusqu'a l'horizon! Cette fois, j'en ai mon compte de dunes, c'est magnifique. Blaise est soulage, il va peut-etre pouvoir echapper au Sahara!




Notre chauffeur se met lentement en confiance, il finit par accepter de partager nos repas. Et apparemment, il apprecie davantage la nourriture occidentale que nous la mongole! Et apres un retour agremente des habituels stops mecaniques (et des stops "cuvage" de notre chauffeur qui ayant bu de la vodka jusqu'a quatre heures du matin, ne se voit plus les mains!) on parvient a Dalandzagdad. On nous invite pour le souper ou l'on a: des rostis au Mouton! Notre chauffeur avec un clin d'oeil nous dit: "petits moutons". C'est adorable, sachant notre reticence a la viande, ils ont mis tres peu de morceaux pour nous! On passe une sympathique soiree, ils se revelent un couple plein d'humour malgre nos moyens de communications fort limites. On sent vraiment un rapport entre les hommes et les femmes completement denues de ces retenues que l'on pouvait voir plus au sud. Des relations vraiment toute naturelles meme en face d'etrangers a la famille. Mais rassurez-vous, pour rien au monde, les taches ne pourraient etre inversees, la femme a la cuisine et lui derriere sa jeep!

Ne reste plus qu'a remonter sur Ulaan Baatar: 580 kils de piste... en bus. Une paille! Eh bien on ne savait pas ce qui nous attendait! On nous avait annonce le bus postal devant partir a neuf heures. Quand notre chauffeur nous dissuade d'aller a l'arret des bus et nous dit que le bus nous prendra chez lui... on commence deja a avoir des doutes. On avait bien raison. Le bus nous prend donc a 9h35, mais il est completement vide! Et le processus de chargement et des plus interessant. Le bus sillone la ville et klaxonne devant les maisons des gens qui lui telephonent au fur et a mesure pour qu'il vienne les chercher. Mais cela ne veut pas du tout dire que lesdites personnes soient pretes. Parfois, il faut au bus trois passages successifs a une heure d'intervalle pour que ledit passager soit la! On n'en revient pas. Et a chaque arret, on vide tout le coffre, pour mettre les sacs de riz et autres, on rearrange, on remet, on ressort. Il leur a meme fallut sortir les sieges pour les changer deux fois de sens! Et pendant ce temps l'heure tourne, tourne. Et quand on sait que l'on va passer minimum 12 heures d'affillees sur le meme siege pour effectuer les 580 bornes, notre patience est mise a rude epreuve. Vers midi, les passagers deja presents dans le bus, descendent tout simplement a un des multiples arrets et vont au restau. Ils remontent quand le bus repasse pour la enieme fois au meme endroit! Et ne croyez pas que le tarif du siege octroie ledit siege! Ils ont reussi a caser 20 personnes dans un mini-bus avec armes et bagages! Quand on passe a la station-service pour faire le plein, on se croit parti, mais pas du tout! Il faut encore un arret, chez le garagiste pour regonfler les pneus, un autre endroit pour donner quelques coups de marteau, tout redecharger pour mettre des cartons a exporter a Ulaan Baatar et bien encore quelques passagers, a mettre ou? Ca on ne sait pas! Et pendant toute l'operation, on n'ose pas quitter son siege, car le premier arrive, le premier servi et les autres n'ont qu'une hate, celle de coloniser l'espace vital du voisin pour se l'approprier!

Cinq heures et quart d'attente! On finit par quitter la ville a 14h15! Et on a deja sacrement mal aux fesses! Parce que les sieges sont des fauteuils "baquets" et quand on a le bord au milieu de la fesse gauche, cela fait sacrement mal! Il parait que les voyages forment la jeunesse, et bien, il faut que l'on rentre, je me fais trop vieille! Plus que 580 kils! Et cela ne va pas aller tres vite, parce qu'apres une demie-heure, il faut le premier arret pipi et cigarettes, apres trois quart d'heure, un petit arret social causette avec un chauffeur "pote"! On desespere! Et ca secoue. La route est completement recouverte de "tole ondulee" et de gros trous. D'ailleurs le chauffeur ne se prive pas de changer de piste tout en douceur. On est convaincus que le bus n'y survivra pas. Au bout de quelques heures, la suspension arriere gauche, flanche et a chaque bosse, le pneu touche la carrosserie! On va finir sur le toit, c'est pas possible! On finit par avoir droit a un repit avec un "vrai arret" dans une "ger restaurant". Il fait deja nuit et c'est l'heure du souper. La proprietaire a prepare un enorme plat de nouille au: mouton! Il embaume a trois kilometres a la ronde. Mais ils sont adorables et lorsque l'on demande de l'eau chaude, ils nous procurent meme un bol pour faire nos "noodle soupes" instantanees. Notre estomac mis a mal, n'aurait pas survecu a un nouvel assault de mouton! Un chouette moment de bonne ambiance dans cette ger, mais le fait de savoir que l'on n'est qu'a la moitie du chemin a de quoi deprimer!

Apres 6 autres bonnes heures de tortures lentes on arrive enfin a Ulaan Baatar! Il est 4 heures du matin et cette fois, il n'y a pas de multiples arrets pour deposer les gens chez eux. Non! En 10 minutes le processus de dechargement est effectue au plus grand plaisir des chauffeurs de taxis locaux qui connaissent bien la bonne aubaine. On ne comprendra vraiment pas la logique de tout ca! Mais on comprend tres vite les rires hilares des chauffeurs lorsque l'on refuse les taxis, parce que l'on apprendra le lendemain, qu'ils nous ont largue a 7 km de la ville!

Il fait une cramine d'enfer, il y a encore des restes de neige dans la campagne environnante des chutes de la semaine precedente. On se decide donc a dormir sur place. On avise une station service juste a cote avec un pompiste/garde 24h sur 24h. La bonne aubaine, avec de la lumiere on se sent en securite et sous le regard bienveillant du pompiste, on installe nos thermarests et sacs-de-couchages au pied de la station service et dormons jusqu'au jour.




Les 7 kils effectues et nous retrouvons notre cher sanctuaire du luxe et de la consommation debridee. On est decus de ne pas retrouver la meme "guesthouse" que l'on avait avant et nous retrouvons dans un autre appart, plus recent, mais habite en meme temps par les touristes et la famille nombreuse des proprietaires. On n'arrive pas a s'y faire, on a vraiment l'impression d'envahir leur espace vital. Mais c'est leur choix et ca nous embete plus nous que eux.

Alors on s'empiffre de pizza et de mexicain et savourons le plaisir de mettre les pieds sous la table et de ne pas devoir cuisiner dans le froid et manger cougnes dans la tente!

Puis les evenements s'enchainent. On decide de stresser le mouvement pour aller au plus vite en Turquie afin de rejoindre l'equipe des fous du "quatre roues orange". On n'arrive pas a ravancer nos billets d'avion aupres d'Aeroflot. L'avion est plein, mais on nous dit de tenter notre chance, parfois il y a des gens qui ne viennent pas. Mais l'avion part tot le matin et il y a une vingtaine de kils pour aller a l'aeroport. Cela ne nous derange pas de pedaler en ville, mais tout de meme pas de nuit. On decide donc d'aller le soir d'avant a l'aeroport et d'y dormir une nuit. Decidement, on commence vraiment a dormir la moitie de nos nuits n'importe ou! La chance est avec nous, a la derniere minute, ils nous laissent passer au check-in et de nouveau sans payer de sur-poids. Apres un transit a Moscou et un sacre paquet d'heures de vols (On en est tout eberlue, heureusement qu'ils ont achetes de nouveaux avions chez aeroflot! On avait peur de tomber sur un vieux Tupolef!) Arrivee a 2 heures du matin a Istanbul. Encore une fin de nuit dans l'aeroport! Mais quelle arrivee, c'est l'Europe! On ouvre tout grand les yeux quel changement. Un metro tout neuf nous emmene tranquillement jusqu'au centre ville. Suffit de pousser le velo, meme pas besoin de le soulever d'un pouce! Juste les escalators, c'est assez "sport" avec un velo charge!

On redecouvre la loi des prix occidentaux... faudra s'y habituer, mais aussi la qualite. Des restaus avec des toilettes, de l'eau courante et quand on demande s'il y a la douche chaude dans l'hotel on nous regarde avec de gros yeux!

Istanbul parait tres belle, c'est une des premieres villes depuis longtemps ou on se sent vraiment a l'aise et d'avoir envie de visiter les monuments. On se croirait a Geneve ou Lausanne en juste un peu plus grand. Il y a des terrasses partout ou il fait bon boire des jus et les gens sont d'un agreable! On retrouve la chaleur du sud et beaucoup moins cette barriere entre le touriste nanti et les locaux demunis. Ce qui ne veut pas dire que l'on ne va pas essayer de te roustir!

Ne reste plus qu'a se lancer a l'exploration du pays et de la Syrie!