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Le Laos



On nous avait promis des routes goudronnees... ce n'est pas des routes, c'est encore mieux que des pistes d'atterissages pour boeing 747! Par contre c'est vrai qu'on avance plus vite, mais cela ne va quand meme pas tout seul surtout quand on commence a pedaler a 2h de l'apres-midi. Ma fois, d'ici que notre marin ait raffistole son moteur, cela prend toujours du temps. Mais au moins on est pas tombe en panne. Et plutot heureusement car vu le courant, j'aurais pas voulu nager!

Un panneau! Enorme qui indique une attraction touristique!? On est revenu en Australie? La classe ce Laos... Faut dire que les Thais doivent y etre pour quelque chose car il y a invasion. Les touristes thai sont vraiment a mourir de rire: chemise Hawai grande ouverte, lunettes derniers cris et gros 4x4 et surtout... une avalanche de photos et les plus kitch possible! Le Laos semble etre la destination favorite du pays voisin. En l'occurence ils ont raisons et les chuttes en question sont magnifiques.




Non, non, on a pedale que 10km. L'etat de transpiration frenetique... c'est juste le "bug" dans l'horaire. Un petit 7up et ca repart! On vise d'aller se reposer sur les iles du Mekong dont on a recu que des louanges. Arrives au bord de l'eau, facile, on trouve tout de suite un bateau pour traverser... Pile pendant le coucher de soleil, decor pas trop mal! Mais quand on ouvre le guide pour chercher un toit... "Nul ce guide, le plan est completement faux!" Ou plutot nos 2 suisses sont tres betes... On s'est trompes d'ile! Vous savez, au pied du Jura on n'apprend pas vraiment a lire!

Meme po mal, c'est celle la qu'on voulait, elle est bien plus jolie!

Il doit y avoir une bonne etoile pour les cyclo-bozos, car on revient ravis d'un tour au sud de l'ile. Mais pas de stress ici... La vie semble se derouler au ralenti. Pour une fois, personne ne s'etonne de notre hammaco-folie! Et cette fois, on a enfin trouve un pays dans lequel Blaise a pu relever le defi dans l'une des activites nationales!

Matin et soir, une fois a l'est et une fois a l'ouest de l'arbre... histoire de suivre l'ombre, les "hommes" du lieu s'affrontent au jeu-de-dames! Et Blaise a pu relever l'honneur des "falangs" par un match nul! Quand a moi, le role de photographe me convient... ces histoires d'honneur... c'est bon pour les mecs! (Mais faudra quand meme que j'apprenne a y jouer!)




Bon c'est pas tout ca, il faut que l'on avance si on veut arriver pour le festival de l'eau a Luang Prabang. Mais avant d'affronter les collines du nord, j'aimerais tester mes mollets au Bolaven Plateau et pour cela il faut rejoindre Pakse. Cette fois on se degotte une occasion en or: notre voisin va vendre son "sawgtaw" (bref, son pick-up) dans un petit village avant Pakse. Et il a rendez-vous a 9h00. Cela doit donc vouloir dire que le dit vehicule fonctionne encore relativement bien (donc moins de risque de panne...) et avec ce rendez-vous, on a des chances d'arriver avant midi! On prend le risque et pari gagne, on depasse tous les bus et sawgtaws, un trajet (presque) sans arret (du jamais vu), a un tarif moindre! On se fait lacher au "km 25", c'est-a-dire au village situe a 25km de Pakse. Le chauffeur nous avait predit... "en 20 min vous y etes!" Pourquoi croient-ils toujours qu'avec un velo de l'ouest on va 3 fois plus vite et sans effort??

Le Bolaven Plateau est une region ou les francais ont developpes des enormes champs de culture. Par consequent il y a une bonne route. Par contre ils ont aussi amene les "bornes kilometriques"! C'est tres precis! Pratique de savoir exactement combien de kilometres on a encore a faire. Pas comme au Myanmar ou on partait avec une info du genre: "A peu pres 40 ou 50 miles" avec un sympathique petit geste de la main pour souligner le "vague" de l'info. Et parfois c'etait plutot 55! Mon moral n'aimait pas beaucoup. Mais les bornes kilometriques ont aussi un petit aspect usant pour les nerfs! Quand on monte et qu'on lit: 56km et 10 min apres 55km et que l'on sait que ca va monter tout du long, c'est une vraie torture! Heureusement que le paysage change en passant dans de petits villages. Ici les maisonnettes sont tres soignees et toutes fleuries.

Juste avant d'arriver a destination, on commence a voir des eclairs et finalement le ciel se dechaine! Notre premiere vraie pluie depuis la Nouvelle-Zelande. On se refugie dans une station service ce qui fait bien rire les pompistes. La pluie n'a pas l'air d'effrayer les locaux... Ils pedalent toujours sur leur velo avec leur parapluie. Engin multi-usage ici... pour le soleil quand il fait beau et pour la pluie quand il pleut... Au moins ils ne risquent jamais de les oublier quelque part!




On arrive sec! Mais il y a tellement d'humidite dans l'air que des qu'on se leve de la selle, l'eau condense immediatement, tout est humide!

Le lendemain matin, de nouveau grosse pluie... On attend une accalmie et on part sous la bruine. On devrait avoir 60km de route en terre, ca promet! Finalement, heureusement que la terre avait soif, tout seche tres vite. Par contre la route est telle qu'annoncee: c'est-a-dire que ca secoue dure! D'ailleurs 1ere chute de ma part, suivie par une de Blaise (ouf, l'honneur est sauf!). Par contre les portes-bagages n'apprecient toujours pas! On se deplace dans une vegetation luxuriante avec des plantations de toutes sortes: bananes, cafes, thes, cannes a sucre... et bien d'autres indeterminees a notre oeil inexpert. On passe dans de petits villages de cultivateurs, ils rigolent bien de nous voir secoues sur leur magnifique route. Et meme quand on croit etre seul pour pique-niquer... 2 hommes la machette a la main sortent de nulle part et viennent juste s'accroupir a cote de nous et nous observer manger... Nos velos les font bien causer, j'aimerais comprendre le Lao... Les theories doivent etre interessantes. Pleine de zele et de mes concepts de l'hospitalite occidentale, je leur offre des biscuits... A voir leur tete, ils ont du autant detester ca que s'ils m'avaient offert de l'intestin de poisson seche! Les bonnes intentions...

Au coin d'un champ, des villageois coupent et preparent la canne-a-sucre. Ca parait plutot cauchemardesque comme boulot, a eviter comme job de vacances! Ils nous offrent un bout fraichement coupe et pele: Il faut mordre un gros bout du baton... macher et recracher... Faut une grosse bouche et une bonne dentition, mais c'est super juteux et du vrai sirop!




On s'installe a Tad Lo, un site encore pas trop touristique ou se trouve de belles chutes et surtout plein de petits bassins ou on peut se baigner! Autant dire qu'un petit jour de rafraichissement s'impose! Sur le retour en direction de Pakse, on a enfin elucide pourquoi il y a autant d'enfants au Loas! C'est a cause d'une race d'arbre toute particuliere unique au pays:"L'arbre a Laos". Si, si je vous assure, il suffit de vous approcher de n'importe quel arbre et il y a des grappes de momes dedans! CQFD!

Cela valait bien la peine de grimper tout ca le 1er jour parce que aujourd'hui... on savoure la descente! Sur le chemin, on a pu voir enfin la fabrication de ces fameuses machettes que l'on voit utilisees dans tout le pays et vendues dans les marches. On se croirait dans un vrai western chez le marechal ferrand!

De retour a Pakse, plein de zele, on se dit:"Pourquoi pas le bus de nuit jusqu'a Vientiane?" On se hume un peu et on decrete qu'on est juste passable pour ne pas se faire jeter dehors pour contamination olfactive. Le timing etait bon, on a gagne du temps, mais mon corps declare forfait: une nuit presque blanche couplee a une journee de pedalage... On se fait vieille! Une journee a avoir l'impression de ne jamais m'etre reveillee. Et en plus, il pleut pendant 2 jours d'affilees! C'est pas dans les statistiques! On ne peut pas vraiment vous dire ce qu'on a fait de nos 3 jours a Vientiane, on est meme pas alle voir la grande pagode qu'on voit sur toute les photos! (c'est pas faute d'avoir essaye, mais Blaise nous a envoye a l'oppose de la ville!!!). Mais en tout cas, on a mange une pizza a se relever la nuit et accompagnee d'une mousse au chocolat de derriere les fagots!

Pour notre prochaine etape on se lance sur les traces de nos 2 couples pionniers (que l'on ne nommera pas!), quelle pression! Blaise m'a deja dit que du coup je n'avais plus le droit de me plaindre! (J'vois pas le rapport!)

Le 1er jour, on monte au lac Na Nam. On quitte la circulation de Vientiane avec soulagement pour une plaine de rizieres bordees de canaux. On croise des pecheuses qui rigolent bien de notre ebahissement devant leur dexterite.




Jusque-la tout va bien, c'est plat... mais la fin ca monte et il fait chaud! 41C selon une mesure tres precise, fiable et scientifique (c'est-a-dire sur la montre de Blaise). Ils sont fous ces "falangs"! Surs que c'est ce que doivent penser les locaux assis paisiblement a l'ombre. Et dire que c'est le jour le plus plat des 5 jours qui nous attendent! Heureusement que le paysage du petit lac, en fait un barrage pour produire de l'electricite, nous redonne du baulme au coeur. Petite guesthouse avec vue sur le lac, pas trop mal! Le comble, c'est qu'on n'a meme plus l'energie d'aller se baigner!

En parlant d'energie, les Laossiens en ont un etonnant concept. Leurs barrages produisent enormement d'electricite, dont ils exportent 90% en Thailande! Bon profit j'imagine, mais cela va sans dire qu'a part dans les grandes villes (Vientiane et Luang Prabang) l'electricite se fait rare. Parfois ils ne l'ont que de 18 a 22h! En tout cas, les Thais doivent etre contents... et certains proprietaires aussi... Vu certaines maisons (que dis-je... chateaux!) que l'on croise!

La region est reputee pour le tissage artisanal. Sur la route on croise de nombreuses femmes a l'oeuvre sur leur metier. Le boulot est magnifique et semble d'un complique! Mais cette fois, apres avoir vainement tente d'enseigner a Sophie il y a quelques annees, ils ont maintenant renonce avec les falangs ;) !

A force d'admirer le travail des gens sur notre chemin.... Cette fois au bord d'une riziere, les ouvriers nous mettent au defi! Ces cyclistes tout "propres" (pas sure que l'on puisse se definir comme cela!) vont-ils venir se salir de boue dans leur riziere? On enleve chaussures et chaussettes et nous voila en train de barbotter dans dix cm de boues. La sensation est des plus interessantes et l'exercice d'equilibre pas evident non plus! On nous fait une petite demonstration de la coupe a la serpe. Pas evident. Tout est dans le mouvement du poignet. Mais apres dix minutes on s'y fait et ca roule, le petit tas de riz derriere nous augmente! C'etait vraiment tres interessant a pratiquer pendant une petite demie-heure, mais ce qu'on les admire de faire cela toute la journee et tous les jours!




Le plus drole cela a ete de remettre les chaussettes apres notre petit stage prolonge de pedicure!

Cette etape nous amene a Vang Vieng. Le lonely decrit cette petite ville comme "la mecque des backpackers". C'est plutot bien decrit... terrifiant! On a lu un livre d'un "expatrie" qui a travaille pour le departement du tourisme a Vientiane. Il decrit le "pouvoir" du Lonely Planet qui en un paragraphe transforme un petit village en un royaume de la "fumette" et de la biere. On se rendait deja bien compte de cet impact sur les guesthouses et restaus, mais de le lire noir sur blanc et de voir cette construction artificielle qu'est Vang Vieng, c'est presque effrayant! Et quel guide on a?... Le Lonely Planet! Mais que peut-on faire, on en a essaye d'autres: Ou c'est du copier/coller, ou alors cela ne sert pas vraiment nos besoins. Esperons qu'etre conscient du fait aide deja un petit peu! D'ailleurs on a pas ete en reste. On a participe a "l'activite Fun" du lieu: descente de la riviere en bouee. Quelle industrie! Il ne faut pas penser a l'argent amasse en une journee de ce business en comparaison du coup de la vie locale! Mais c'est sympa de larver sur ta bouee et de regarder le paysage defiler. Bon on reconnaitra pas tres vite, vu que c'est la saison seche et qu'il n'y a presque plus d'eau. Bien naifs on avait pris une corde pour attacher nos deux bouees histoire de ne pas se perdre. Cela n'aura servi a rien vu notre vitesse escargotesque, mais au moins cela aura fait rire les gosses du lieu qui du coup se sont agglutines a 5 sur nos bouees pendant une bonne demi-heure (avantage de femme, je n'en avais que 3!). A tirer les 2 bouees, a se faire tomber a l'eau et tout cela sans vraiment porter attention a nous... . On se sent quelque peu instrumentalise quelques fois! Au moins cela a le merite qu'ils ramaient pour nous, parce qu'a la fin, on a bien du marcher et nager sur les deux derniers kilometres! Epuisant le boulot de "backpackers", c'est pas un gag, j'ai meme eu des courbatures aux bras!

Quatre jours dans les montagnes, quand meme 1400 metres d'altitude, ce n'est pas rien pour ce petit coin d'Asie. Un paysage aride, de foret rase un peu desolee et des collines, des collines a perte de vue... et surtout devant nos roues! Mais l'effort en vaut largement la chandelle. On passe dans de petits villages. On sent tout de suite que l'on change d'ethnie, les gens sont nettement plus timides. Ils vivent de la culture sur brulis, du mais, du riz et aussi de l'opium parait-il (surtout dans le nord).




C'est impressionnant de les voir declencher ces feux dans tous les coins et de se ballader en "slaps" dans tous les terrains que les cendres soient encore chaudes ou les taillis infranchissables, mais toujours dans des pentes a plus de 30 degres! Je mettrais plutot les crampons! Et ils marchent... Ils marchent avec toute la famille, le long de la route avec leurs hottes et machettes pour aller au champ, chercher le bois ou les seaux pour aller chercher de l'eau au ruisseau. Autant dire qu'ils font des km, vu qu'il y a des champs partout et peu de villages dissemines sur les faites des collines. Le fil est parfois si etroit qu'il ne faut pas etre saoul pour rentrer dans sa maison, sinon c'est le grand plongeon!

On a de la chance d'etre juste avant le nouvel an laossien, car on voit tout plein de villageois en habits traditionnels et des bebes avec des chapeaux a croquer! J'adore surtout leur maniere d'attacher les bebes dans le dos avec des etoffes finement brodees. Les femmes dans les villages a tout moments perdus tissent et fond de la broderie.

Par contre les "Mhong" n'aiment pas les photos. Si on sort l'appareil devant eux, au lieu de venir s'agglutiner autour de nous pour etre pris en photo comme les laos des plaines, ici ils partent en courant. Donc que de beaux souvenirs pour les yeux! Je reve des "yeux qui font clic-clac"! Celui qui l'invente et monte sa start-up fera un malheur et je serai la 1ere heureuse!

Mes mollets et mon souffle ont bien de la peine, affreux toutes ces montees! On a la chance de profiter d'une nouvelle guesthouse qui s'est ouverte pour couper en 2 la derniere etape de 130km. Comme cela je vais pouvoir finir cette superbe route avec du plaisir jusqu'au bout. Le plus deroutant pour nos petits coeurs d'occidentaux c'est la proliferation d'arme a feu. Cela semble etre, dans cette "zone infestee par les rebelles" (opposants du gouvernement communiste actuel), un outil des plus ordinaire. On a donc appris a differencier les fusils de chasses a long canon des fusils mitrailleurs (par contre on n'arrive pas a dire si la provenance est americaine ou autre...). Un savoir tres utile, non? L'impression est quand meme un peu glacante quand suant dans une montee bien raide on passe derriere un virage... On entend un "sabaidi" (bonjour) bien sonore et qu'en tournant les yeux on voit planque derriere un buisson un jeune gars avec son fusil mitrailleur negligemment dresse entre les genoux... Des canons qui depassent de l'arriere de pick-up a cote d'un gars qui dort a poing-ferme! Le plus risible de l'histoire est que l'on ne sait jamais a qui on a a faire: armee ou rebelle. Les habits militaires se ressemblent tous pour nous. Drole aussi de voir les soldats habilles de pied en caps en uniforme jusqu'a la casquette et porter des slaps aux pieds! Ca c'est l'Asie! En tout cas, personne n'avait l'air d'etre trop stresse...




Notre dernier troncon jusqu'a Luang Prabang est le 13 avril et les preparatifs du "Lao new year" vont deja bon train. Le "Lao-Lao" (alcool de riz local) coule deja a flot et sur le chemin on est deja bien attendu avec les seaux d'eau et les pistolets a eau. La tradition pour cette fete est de tous s'arroser parmi pour feter la fin de la saison seche et l'arrivee de la nouvelle annee. A notre arrivee, Luang Prabang est en fete, pleine a craquer de touristes tant laossiens que d'autres horizons. Les hotels et guesthouses sont pleins et les prix en hausses. On finit apres une bonne recherche a se trouver quelque chose de pas trop mal. Le lendemain on est tout de suite dans le bain. D'abord c'est le grand marche avec tous les artisans qui se retrouvent pour la grande occasion. On voit les produits qu'on a vu faire sur la route. Et cette fois on se decide enfin a acheter des choses: il nous faut quand meme quelques souvenirs d'Asie avant de partir. Difficile tache, on est vraiment des acheteurs pas efficaces et surtout moi, il faut le reconnaitre. Il faut toujours que je voie dans tous les coins avant de pouvoir me decider!

L'apres-midi c'est le "sabaydii", c'est a dire que toute la ville et tous les visiteurs se retrouvent sur une petite bande de sable au milieu du fleuve pour faire la fete. Il vaut mieux ne pas etre trop agoraphobe!!! Il me faut d'ailleurs une bonne petite demi-heure d'acclimatation pour une fille de la campagne comme moi! L'activite principale, outre boire et manger, c'est de construire des "stupas" (mini-temple funeraires) en sable a grand renforts de prieres, chants et surtout de biere!




L'autre activite de la journee c'est l'envoi de fusees artisanales au bout de longues perches de bambous. A celui qui va le plus loin. Le comique de l'histoire, c'est que l'ile est gorgee de monde et qu'il y a un pauvre soldat perdu au milieu de la foule qui est sense garder un espace d'atterissage libre de tetes... Autant dire peine perdue... La notion de securite est toute asiatique. Il y a d'ailleurs 3 fusees sur 5 qui explosent avant le decollage, au grands eclats de rire de la foule et des artificiers qui n'ont qu'un miniscule bouclier en bambou pour s'abriter!

Et au milieu de tout ca, l'activite favorite generale c'est de s'asperger a qui mieux mieux de flotte, de farine, le tout colore a volonte. Un vraie merveille. J'ai eu du mal a me laisser faire au debut, je me sentais un peu agressee, mais y a pas d'autre moyen que de s'y faire! On finit meme par repondre au plus grand plaisir de nos "agresseurs".




Jolie tete non? Les 2eme et 3eme jours du festival sont consacres a un cortege qui amene "la statue d'or" (faite au Sri Lanka pour mettre l'eau a la bouche de nos concitoyens pour notre future destination) d'un temple a une autre et retour. Le tout toujours autant arrose de toutes les natures, fluides ou poudreuses! C'est la folie pour avoir une place qui permette de voir le cortege, on finit en tout cas toujours dans un etat magnifique! L'ambiance est a l'euphorie et les moeurs se dechainent. Pour un pays qui prohibe les contacts physiques entre garcons et filles en publique, j'aime autant vous dire qu'ils se rattrapent pour le "Pimay". Toujours tout habilles bien sur, mais bien detrempes et bien moulants, les danses traditionnelles bien statiques font place aux mouvements lascifs bien suggestifs et souvent bien concrets! Les mains balladeuses ne sont pas non plus en reste; il faut bien appliquer la farine aux endroits strategiques! C'est drole, la fete dure trois jours. Le premier du matin au soir et les deux autres, la ville se reveille peniblement vers midi, se "debauche" jusqu'au coucher du soleil et puis tous le monde va recuperer pour le lendemain!

Un phenomene qui n'a pas cesse de nous derouter: dans la rue, ils ont toujours de l'eau a leurs tuyaux pour remplir leurs bidons et arroser la foule, mais dans toutes les toilettes et salle d'eau de la ville il n'y a plus d'eau! Tant pis pour la douche, mais une vraie merveille pour les toilettes!

Le dernier soir, on a la chance de voir un spectacle de danses locales. La on a retrouve la retenue toute asiatique des mouvements moderes!

Depart pour une petite boucle dans le nord. Normalement 9 heures de bus jusqu'a Luang Namtha. Mais festival oblige, les transports sont bondes. Du coup, le bus de 8h30 est deja parti a 7h et on prend celui de 11h30 qui part a 9 heures! Qui a dit que les transports en Asie sont toujours en retards? Le seul inconvenient de l'histoire est que notre bus n'est pas un direct et qu'a Udomxay, on reste coince, vu que le bus suivant est deja plein. Arrive a destination en deux jours plutot qu'un semble etre la normalite par ici! Mais soyons philosophes, du coup, on a rencontre un couple de cyclistes de Malaisie qui ont pour objectif de traverser la Chine jusqu'en Mongolie. Et on a bave d'envie devant leur materiel toute la soiree, ce ne sont pas des petits joueurs comme nous!

Notre route part de Luam Nam Ta et rejoint Huay Xai, la frontiere avec la Thailande. D'apres nos infos, on devrait y parvenir en trois jours. Il n'y a que 195 kils, donc la route promet... du non goudronne tout du long! Au depart, on craint un peu , car il y a des travaux pour refaire la route (on ne doute pas qu'il y en ait besoin!), mais les tas de terre immenses des deux cotes comme paysage c'est plutot limite! Et en plus la route n'est pas du tout meilleure vu qu'ils n'en sont qu'aux premiers stade: des cailloux et des tas de terre a pousser d'un coin a l'autre.

Nous ne sommes pas longtemps decus, les travaux cessent pour laisser place a une petite route caillouteuse qui sillonnent dans les collines. Et tout autour la jungle. C'est la premiere fois que l'on a vraiment l'impression de s'enfoncer dans la nature profonde comme cela et on ne serait pas etonner de voir surgir un tigre! ( Il parait qu'il y en aurait!)




Par contre, ils n'ont pas appris a affronter les montees en zigzag ici! C'est droit en-haut, droit en-bas! Et que des collines alignees les unes derrieres les autres. Au point qu'on doit parfois pousser le velo a la montee et que l'on va tout aussi lentement a la descente parce que ca derape dans tous les sens! Combien de kilometres, il nous reste deja?

Cette route a aussi l'avantage d'etre pluridisciplinaire. En plus du velo, il y a la natation! Chaque fois que la route retombe entre deux collines, on traverse un lit de riviere. C'est la classe! On se croirait de nouveau en Australie a traverser les rivieres, mais le materiel a quelque peu change.... on se mouille nettement plus les pieds! Parfois cela passe sur le velo et d'autres... on se retrouve a faire de l'equilibrisme sur des grosses pierres mouillees a pousser les velos. Mais heureusement, toutes ces rivieres sont traversees quotidiennement par les locaux, du coup, ils amenagent un guai. Par contre, cela ne les gene pas vraiment d'en avoir jusqu'aux genoux.

L'eau, la terre, la poussierre, les cailloux... il ne manque plus que: la boue! Experience excellente pour le traitement des peaux sensibles: traverser un ocean de boue! Toute la question est de parvenir a pousser le velo, sans glisser et en se posant constamment la question: quand est-ce que le niveau va deborder par-dessus mes baskets? Les velos sont tellement enlises que les roues ne tournent plus et si on les lache, ils tiennent debout tout seul! On se retrouve donc a deux a pousser...tirer nos velos en essayant de ne pas se retrouver a plat ventre sous le regard hilare des villageois! Et le pire.... c'est que Blaise a perdu ses lunettes quelque part dans ce merveilleux passage... Alors qui c'est les deux gros malins accroupis dans la boue a sonder la vase avec des batons en bois? Heureusement que le ridicule ne tue pas! Autant dire qu'apres une demi-heure de vains efforts on a renonce. Pire que la neige et les recherches de skis perdus dans la poudreuse... et nettement plus sale!

Notre progression n'est donc pas des plus rapide. Au point qu'au soir de la premiere etape, on hesite meme a prendre un pick-up! Mais on n'est pas suisse pour rien, on est tetu. Et le decor, nous reconcilie avec les efforts. On croise des petits villages niches dans la jungle. Ils font toujours de la culture sur brulis ou incendie selon la reference...




Quand on passe a cote d'un de leur feu gentillet, on est plutot rassure de voir des gosses revenir paisiblement de la riviere..... on se dit alors que c'est normal!

Dans ces collines, il y a differentes ethnies de tribus des montagnes. Ils sont animistes et on peut voir leurs "portes des esprits" a l'entree des villages. Ils sont vraiment timides. Si on s'arrete a vingt metres du village pour boire, ils vont venir s'agglutiner a dix metres de nous, adultes et enfants compris pour nous regarder. Quand on repart sur la route, il y a tous le monde qui detale en courrant!

Au detour d'un virage, on se retrouve nez a nez avec un elephant de travail! La premiere fois, qu'on en voit un qui ne bosse pas pour promener les touristes. Geante apparition attelee avec de grosses chaines et qui arrache la moitie des buissons au passage pour son petit dejeuner! Il aurait suffit de s'atteler derriere, on aurait avance tout seul...., mais non, on continue .... a monter.... a descendre (on espere que nos tampons de freins ne vont pas nous lacher!) de plus en plus de cailloux et de poussiere! Dans les villages, ils refont les stocks de "Lao Lao" (alcool de riz) apres le nouvel an. Ca distille dur et ca embaume...!

En fin de journee, on arrive a Ban Ta Fa... et le "hic" c'est qu'il n'y a pas de "guesthouse". On nous a dit de demander a la "communaute"..... Nous qui n'aimont pas nous imposer.... mais meme pas besoin de demander, des que l'on s'arrete desoriente au milieu du premier hameau de huttes, un villageois nous aborde et nous invite a entrer. On n'est pas les premiers cyclistes a passer et l'argent pour arrondir les fins de mois est bienvenu.

On atterri dans une famille qui vient d'avoir deux jumeaux de 3 semaines et le papa n'est pas peu fier! Par contre, notre communication est des plus limitee, pas un mot d'anglais et surtout, ils ne savent pas lire. Du coup, on n'arrive pas vraiment a s'aider du "lexique de conversation" parce que l'on n'arrive pas a prononcer comme il faut pour se faire comprendre! Cela donne juste un beau resultat de deux petits suisses supers mal-a-l'aise: "T'es sure qu'il nous invite a rester dormir?" "Il a fait le signe de dormir... je crois bien, mais...?" Et on reste assis pendant un temps qui nous parait si long a etre juste-la pendant que la moitie du village defile pour nous regarder et que cela tchatche dur a notre sujet! Finalement on nous fait signe de monter nos sacs, ouf, cette fois c'est clair!

Et la douche? Parce que pour embaumer, on doit etre interessant a voir, recouvert de la tete aux pieds de poussiere et de boue! Pas de probleme, en route pour la riviere! Et escorte par tout le village comme il se doit. Le challenge du jour: comment enlever tout ses habits en maintenant un "sarong" autour de soi, pour ne pas offenser les 50 paires d'yeux alentours qui nous scrutent? On respire a fond et on reste zen! Et c'est parti, on initie une grande baignade generale. On lave le tout, la lessive des habits y compris! L'instant de verite c'est le moment de sortir de l'eau avec le "sarong" en priant pour qu'il ne tombe pas!




On se fait gracieusement inviter a l'interieur pour un repas. Pour une fois, on ne mange pas seuls, il y a notre hote et deux voisins invites. Mais toujours pas les femmes de la famille! Pas tres relax le repas! Attention, il ne faut pas manger avec la main gauche, pas mettre les baguettes dans le bol, mais posees dans le sous-plat...que d'habitudes nous manquent! Et tout cela en essayant de communiquer tant bien que mal. On doit avoir l'air bien gauche, mais cela les fait plutot rire. Et pour couronner le tout, hospitalite oblige: les tournees de "LaoLao"! Le petit godet que tu dois avaler cul-sec en meme temps que ton hote! Et c'est de l'alcool fort! D'abord, ils exigent 2, puis 4... moi qui ne bois presque jamais une goutte d'alcool! Pas vraiment l'endroit pour etre malade... vous imaginez bien les toilettes communautaires du village.... . Notre hote a une sacree descente, car il trinque avec chacun de ses quatre convives a la suite! Quand on finit par pouvoir refuser le "LaoLao", il sort une bouteille de biere pour continuer! On a quand meme reussi a quitter la "table" (heureusement que l'on mange par terre vu qu'ils n'ont aucun mobilier) sur nos deux jambes!

On passe l'apres-midi un peu incertain du deroulement des evenements, mais les gosses et jeunes du coin, ne se lassent pas de venir voir ce qui se passe. On joue a des jeux de ficelles avec eux. Mais Blaise ne se souvient plus de comment on fait le pont! Si vous vous souvenez, ecrivez-nous, cela peut etre tres utile, je vous l'assure!

Pour dormir, on a meme droit a un matelas pose sur le sol, c'est la grande classe. On a trouve tres sympa de dormir dans une famille, mais on reste mal a l'aise. Pour eux, tout ce qu'on a leur parait tellement mieux que ce qu'ils ont. Pourtant, nous, on est admiratifs de tout ce qu'ils font avec les moyens qu'ils ont. Les gosses pour imiter les machines de chantier, se sont fait des pelleteuses mecaniques en bambou supers classes! Mais ils veulent ce qu'on a et reclament toute la journee. Tout le village passe se plaindre de maux de dos/ventre/tete pour avoir des medicaments. Mais qu'est-ce qu'une aspirine peut leur faire de bien? Ils reclament nos lampes, etc... . Il faudrait rester au moins une semaine pour que cela vaille la peine et que l'on puisse lier des contacts un peu moins empreint de ce: munis/demunis!

Jusque-la, on n'avait encore rien vu! Deja, on part sans reserve de nourriture. On trouve avec soulagement un arret pour camion ou on trouve: du riz collant! Riz, le matin, riz a midi, riz le soir.... la parfaite diette du bon petit cycliste! Et le pire c'est que l'on s'y fait... le secret est dans la sauce soya! On pensait etre prets, mais on ne s'attendait pas a un cauchemar pareil! La route se transforme en un melange de cailloux recouverts de cinq centimetres de "poussiere de lune"! Cette poussiere si volatile qu'on s'y enfonce et ou le pied fait ventouse.... les roues n'y font pas meilleur menage! Et pour arranger nos petites affaires, ca monte... ca descend et toujours aussi raide! On derape plus que l'on n'avance! La prochaine fois, on installera des pneus a clous! Et dire qu'il y avait deux autres routes rejoignant la frontiere qui elles sont goudronnees! Quand on est maso.... Moi qui croyait avoir fait le pire pour arriver a Phu Khun! En plus, on se retrouve de nouveau dans les travaux. On doit meme attendre que les bulldozers bougent leurs tas pour pouvoir passer. Nos competences, pourtant fort entrainees en apnee ne suffisent plus pour sauver nos poumons de l'engorgement poussiereux a chaque camion qui passe!




Au bout de 35 kilometre de "on a marche sur la lune" je declare forfait! Je prends un pick-up! Blaise continue seul dans son acharnement pathologique du "j'y arriverai"! La chance est la, au bout de cinq minutes je trouve un "stop" et j'ai toutes les peines du monde a empecher le chauffeur de prendre Blaise au passage quand on le depasse! Je comprends son incomprehension.... Par contre, je n'avais encore jamais vu une route ou il y a tellement de poussiere qu'en avancant le pick-up se prend des vagues de poussieres soulevees par lui-meme au point que mon chauffeur doit mettre les essuies-glaces! Et a la descente quand on avance en derapage continu.... je regrette presque mon velo!

On arrive en Thailande, avec comme un petit sentiment de retour a la civilisation! Un jour de pedalage pour rejoindre Chang Saen. Que 75 km de route goudronee. Mais il fait tellement chaud et on doit avoir quelque peu accumule de la fatigue que l'on a souffert terrible! On s'arrete toutes les cinq minutes pour boire, on n'arrive pas a avancer. Les thais ont pitie de nous et nous offrent des verres d'eau et des assiettes de pasteques! Et ils nous font force signes pour nous expliquer de rester a l'ombre.... ne dit-on pas que l'on doit suivre les conseils des gens du pays?

Arrives a Chang Saen, on fait les petits joueurs... le velo, c'est fini pour l'Asie du sud-est! On fait escale a Chang Rai pour un petit pelerinage. C'est devant une pizza dans un resto super classe que l'on a decide d'acheter nos velos. Ce soir on boucle la boucle.... on fete notre heureuse decision devant une de ces pizzas fabuleuses dont on revait depuis 4 jours!

Il ne reste plus qu'a descendre en bus a Chiang Mai ou l'on consacre une semaine a preparer la suite... qui sera: le nord de l'Inde en velo! Qui c'est qui vient de se plaindre que cela montait et descendait trop raide?.... Non, non.... pas probleme!