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Le Cambodge

En tout bon suisse bien organise, on se leve a 5 heures du matin pour une petite conduite nocture dans Bangkok, afin d'attraper le train qui nous a-t-on dit doit partir a 6 heures.

La conduite de nuit s'avere moins perilleuse que prevue mais l'abondance de sens-interdis, par contre, met dangereusement a mal notre horaire absolument prevoyant. Surout que le train s'avere etre 10 minutes avant! Mais l'efficacite des guichets bangkokien font leurs preuves et billets en main, nous montons dans le train a temps.

Apres notre experience birmane, quel soulagement de ne pas se voir "mourir" a chaque aiguillage! Et on peut meme s'entendre quand on cause. Un tel paradis en fait, qu'on en a oublie de descendre a notre arret... heureusement que c'est le terminus! Au Cambodge pas de train... la ligne s'arrete avec la frontiere.

Premiere fois que l'on passe une frontiere en velo! La grande classe, nettement mieux que l'avion! On se retrouve dans la file avec tout les tours qui descendent des cars, trois-quart d'heures d'attente! Et dire que dans le "lonely", le Cambodge est sense etre le pays d'Asie "le moins visite"! Mais heureusement, pendant ce temps, nos velos sont sous bonne garde aupres des douaniers qui rient sous cape, installes bien a l'ombre, de nous voir pedaler sous cette chaleur!




De l'autre cote de l'arche: Poipet, ville frontiere digne de ce nom. Hautement deconseillee, on s'y sent pourtant bien accueilli. Un Cambodgien d'origine malaisienne nous vente les merites du pays et on tache de faire nos premiers pas dans la langue khmer. Il n'est pas tres encourageant, il parait qu'apres 10 ans, le khmer est toujours difficile pour lui!

Et surtout, on nous parle de la guerre. Chacun nous relate ces temps difficiles, nous parlent de la pauvrete, de parents decedes et surtout on nous dit: "Maintenant plus besoin de fusils!" Il y a meme des panneaux de propagande/prevention le long des routes! Sacree entree en matiere, on se sent plutot tout petit face a ces recits et bien empreint de repondre quelque chose avec notre vocabulaire commun d'a peu pres 100 mots!

Un autre phenomene deroutant: la monnaie locale. On apprend que le riel (monnaie locale) est a un taux fixe par rapport au dollars et au baht thai. Par contre on sait bien que sur le marche, le baht et le dollar fluctuent? Je n'y connais rien en economie, mais je ne vois vraiment pas....; il y en a certains qui doivent bien boursicotter quelque part. (D'ailleurs on voit des 4x4 flambants neufs foncer sur les routes.....)
Par contre l'effet secondaire de ce phenomene est que tu peux payer dans les trois monnaies indifferemment sans te faire avoir sur le change. Plutot pratique! Mais on te rend de meme: si je recois, 2 dollars, 600 baht et 2500 riel (le taux etant respectivement de 1/38/4000), est-ce que l'on m'a rendu juste? Je ne savais pas qu'il fallait faire scientifique pour voyager! Un vrai casse-tete pour mes petites neurones de latine!

Premier jour de route sur une route goudronnee,mais le dragon du bitume a bien sevit et en a mange une bonne partie! Le paysage est plutot desertique, des champs de riz a perte de vue et le tout est tres sec.




On se sent quelque peu de retour dans les deserts australiens! On retrouve les traditonnels villages de maisons en bambou au bord de la route. On se rend bien compte, ici, d'un des effets secondaires des biens manufactures! La recuperation va bon train et les maisons au lieu d'avoir des airs de maisonnettes d'Hansel et Grettel, ressemblent plutot a des semi-bidonvilles. Pas sures que les toits en plastiques troues soient plus etanches que ceux en feuilles de palmiers, mais en tout cas c'est nettement moins joli!

Devant les maisons, les cannaux presque a secs sont gorges de dechets plastiques, bouteilles, boites et autres. Cela n'empeche pas de s'y baigner, d'y faire ses ablutions et d'y pecher! La region, on l'apprendra par la suite est dans les plus pauvres du Cambodge, mais etant notre premier contact, on ne s'en rend pas compte.

Par contre, quel plaisir d'etre dans une region ou il y a suffisamment de tourisme a 2-roues. Les gens sont contents de nous voir mais le monde ne s'arrete pas de tourner pour nous voir passer! Et on peut meme manger tranquille quand on s'arrete! Cela fait du bien apres le Myanmar (et heureusement pour notre "ego", la tete commencait a enfler de se croire si fascinants!)




Le soir, de retour a la "guesthouse", on est attendu de pieds ferme par un etudiant en anglais qui aimerait faire causette pour pratiquer. On devrait prendre des lecons, nous timides occidentaux francophones a qui, il faut un vocabulaire d'au moins 10 000 mots et etre dans une situation desesperee pour s'essayer a articuler deux mots dans une langue etrangere. Les Cambodgiens sont quant a eux, totalement depourvue de ce genre de complexe et traverseront tout le village juste pour nous dire un : "Hello what's your name?" etant la seule phrase anglaise a leur actif!

Mon nez fait toujours fureur et on parle des aspirations des cambodgiennes a avoir la peau blanche, un long nez et des fesses larges, comme les "blanches" . Plutot ironique la mode non? Ils n'arrivent pas a croire que les europeenes se fassent bronzer et operer du nez et des "cuisses-de-cheval"! Il nous parle de sa premiere visite du Cambodge et de la premiere fois qu'il a vu l'ocean et surtout: les "blanches' qui se baignent quasi nues! Montrer ses epaules cela ne se fait pas. La pudeur au Cambodge, ce n'est pas un vain mot... du moins pour les filles, parce que les hommes peuvent se promener en slip que cela ne choque personne!

Premier troncon de route en terre, delire! Vous avez-vu quoi au Cambodge? Eh bien pas grand chose, en fait, du gris, du blanc, du brun....y a tous le temps du brouillard! C'est la premiere fois que l'on voit autant de scooters avec les casques integraux, les bienheureux, proteges de la poussiere omnipresente! (Bon des fois, ils les gardent aussi pour boire des verres ou pour jouer au billars, mais cela doit plutot etre en relation avec des questions de standings!) En tout cas, on s'entraine a l'apnee sans tubac a chaque fois qu'un camion ou une voiture passe! On est bientot pres pour le "Grand Bleu"!




On commence a s'habituer a notre nouvel horaire: 5h. debout, 6h. on pedale. Rythme tout a fait vacancier non? Meme plus tot que pour partir au boulot! Ceux qui nous croient deja fous d'utiliser un reveil vont vraiment coire qu'un mauvais coup de chaleur nous a grille les neurones! mais le rythme local a du bon. C'est fabuleux de voir le lever du soleil sur la plaine et d'assister a l'agitation generale du petit matin. Et a midi.... on arrive a destination avant les grandes chaleurs et on peut pique-niquer tout nus dans notre chambre et ronfler tout l'apres-midi sous la gentille brise du ventilateur! D'ailleurs on a une photo de Blaise dans cette position indecente dans une merveilleuse chambre a lits aux draps roses vifs. Absolument romantique comme ambiance! La rumeur qui dit que la plupart des guest-houses locales sont autant utilisees a l'heure qu'a la nuit n'est pas une legende. On a meme retrouve un preservatif usage dans les toilettes.... quelle merveille! Des fois on est rudement contents d'avoir des "sacs-a-viandes" en soie tout doux! Pour la photo, desolee, mais Blaise a mis son droit de veto.... a celui qui arrivera a le soudoyer quand on rentrera!

L'hygiene cambodgienne n'a d'ailleurs rien a envier a celle du Myanmar, je me demande meme si des fois ce n'est pas pire! L'abondance des biens occidentaux et donc des dechets qui vont de paires, n'est d'ailleurs pas faite pour aider. Emballer dans une feuille de bananier et jeter ledit emballage n'importe ou, ne fait pas le meme effet que jeter un emballage plastique. La culture de la poubelle ne fait manifestement pas encore partie du patrimoine khmer! Quand on a quelque chose en main, on mange, on boit et apres on crache et on jette a ses pieds ou que l'on soit. Je ne sais pas si la theorie des "bronzes" concernant la neige qui recouvre tout s'applique ici avec la saison des pluies qui emporterait tout dans son "flot nettoyeur", mais en tout cas pendant la saison seche, les dechets restent sous les tables, devant la porte des maisons, au grand bonheur des fourmis, mouches et autres betes grouillantes.

Autant dire que l'on s'en tiend au "riz-legumes". Et meme au riz blanc parce que dans les petits bleds, ils cuisinent le matin et le reste de la journee, ils conservent le tout "tout pret" a servir. Et la gastronomie khmer, c'est: viande le matin, viande a midi et viande le soir! C'etait l'avantage du Myanmar ou tout le monde ne pouvait pas s'offrir de la viande, il y avait donc des plats aux legumes. Ma fois, on s'en tiendra aux petits restos locaux qui malheureusement pour la plupart sont tenus par des chinois. Mais les soupes aux nouilles sont tres bonnes!

On pourrait presque regretter de ne pas manger de viande, quand on voit leurs magnifiques cochons! Le Cambodge, c'est le paradis du cochon, il y vit comme un roi! En liberte dans les rues; il se pavane dans la poussiere, les bassins, les canaux d'eau, la boue et les dechets! Il doit y avoir de bonnes hormones de croissance dans le plastique car ils sont geants! Il n'y a pas de fermes d'elevages, chaque famille un peu aisee a quelques cochons, ce qui donne un traffic tout particulier sur les routes: le matin, il y a un cohorte de motos avec des enormes cochons vivants ficeles derriere sur une planche et qui couinent de mecontentement a chaque bosse! On n'a jamais reussi a savoir d'ou a ou ils allaient, mais il y a un sacre traffic!

On se sent arriver a Siem Reap avec un changement de decor, le vert arrive avec les plaines inondees du lac Tonle Sap. Un petit sentiment de renaissance apres les plaines dessechees a perte de vue.




Et puis le choc: un immense rond-point avec des panneaux de pubs gigantesques a la francaise! Et une rue avec une alignee d'hotels-chateaux. Un luxe inimaginable avec les petits jardins francais ou japonais au choix. Un ou deux c'est rigolo, mais une telle alignee cela en devient presque ecoeurant. En tout cas on sait ou dort le tourisme de luxe et vu les publicites de firmes de construction japonaises, ce dernier pays a l'air de bien sponsoriser le lieu pour en faire une destination de predilection pour ses cadres fortunes.

La ville ne nous enchante guere, elle donne un sentiment d'etre tres artificielle, construite pour et en fonction du tourisme. par contre, on critique, on critique, mais on n'est pas les derniers a en profiter! Quel plaisir: spaguettis, pizzas, restos indiens! On ne dira par contre, pas combien cela nous a coute. On est d'ailleurs, devenu bien plus "zen" sur la question de la surenchere pour touriste, le Myanmar doit nous avoir vaccine (ou peut-etre epuise)! Il faut d'ailleurs que l'on se surveille pour ne pas devenir trop laxiste!

Le contraste entre toute cette prosperite est vraiment flagrant avec les pauvres qui se sont deverses sur la ville. On est frappe par le nombre de gens qui ont faim. On a vu de la pauvrete en Birmanie, mais jamais de gens affames. Leur syteme deroutant pour nous de mendicite et de donations constantes a cet avantage que meme les plus pauvres recoivent a manger. Ici, ce n'est manifestement pas le cas et quand on paie notre pizza en dollars, il faut etre bien accroche pour contenir sa honte. On a beau donner de temps en temps un repas, le sentiment d'impuissance et de non-solution reste la.

Une question: comment faire pour manger une glace "magnum" a un dollar entoure d'une horde de gosses qui nous tendent la main pour avoir a manger ou une piece? Pour une totale maitrise de la demarche venez suivre un cours avec Blaise et Sylvie au Cambodge pour une session en dix lecons! Lechez avec plaisir et delectation et la magie du chocolat se revelera et obliterera le monde exterieur de souffrance et de privation! Prix action 200 dollars!

Les temples d'Angkor, la folie des rois khmers! On a deja trouve les pagodes de Bagan incroyables, ici c'est une autre forme d'incredulite qui nous interpelle! Malgre les depredation du temps des Khmers Rouges, les "wats" ont conserve leur cote imposant! Rien a envier a nos chateaux et cathedrales. A croire que la folie des grandeurs a vraiment habite tous les peuples.




C'est chouette de voir comme les khmers sont fiers de leurs temples. Ils viennent visiter en tour organise (pour ceux qui ont les moyens) et sont encore plus touristes que les touristes! Par contre, ils semblent avoir un "complexe" sur la petitesse de leur pays et regretter le grand territoire de l'empire passe. Ils n'y croient pas quand on leur dit que la Suisse est si petite et qu'a leurs yeux elle est si connue.

Sur le chemin, Blaise a voulu faire "l'homme" quand des cambodgiens, riant bien des petits touristes, nous ont offert a gouter des cafards grilles. Autant dire que je me suis contentee d'observer la scene. Apres demonstration de comment enlever la carapace et les ailes, il a quand meme fallu a Blaise, une bonne minute pour se decider. Il parait que cela croustille comme des chips et a le gout de cacahouettes aux noisettes. Chacun ses gouts, mais quant a moi plus de bisous pour la soiree!

Siem Reap est au bord du lac Tonle Sap, le plus grand lac d'Asie. Et le plus impressionant est qu'il triple de volume a la saison des pluies. Il est donc maintenant a son niveau le plus bas. On descend en velo jusqu'au lac, en longeant la riviere bordee de maisons de pecheurs. J'aime ces petits tours ou l'on peut rouler tranquille et ainsi glaner toute sorte de petits morceaux de vie: la peche, le nettoyage du poisson et la preparation du "nahok". Ce dernier est la nourriture de base du Cambodgien (avec le riz.... on ne s'en serait pas doute!). C'est des petits poissons traites a la saumure et ecrase aux pieds. Merveilleuse odeur quand on passe, qui ne donne certainement pas envie de gouter a mes papilles d'europennes quelques peu obtues aux nouvelles flagrances! Moi qui me bouche deja le nez pour passer dans le rayon “poisson” a la Migros!

Le lac nous fait pedaler des kilometres supplementaires, on doit aller le chercher 6 km plus loin que son niveau le plus haut. Incroyable d'imaginer tout au long de cette route caillouteuse que dans quelques mois, l'eau sera partout! Les habitants de la region sont des demenageurs: ils ont une maison sur piloti au niveau du village, avec deux etages chacun en fonction du niveau de l'eau et a la saison seche, ils migrent au bord du lac 6 km plus loin ou pousse comme un champignon un village fait de bric et de broc. Lieu deroutant qui fait penser a un camping de "paleo" permanent! Par contre le touriste est traque pour le petit tour classique en bateau dans le village flottant. On a toutes les peines du monde a leur expliquer que l'on ne veut pas. Ma fois, on est deja "les pires blases"! Il faut dire qu'apres Inle Lake encore tout a l'ancienne, on est moins motive par les grosses maisons en bois et en toles... et les cars qui se succedent.

Par contre, on aime la vie de ce village "bizarre". Vie de peche, preparation de filets et marche de toutes sortes. Par contre, pas tres motivee d'y manger, on se fait un peu "pougnette" parfois!




On triche deja, on prend le bus pour Phnom Pehn, la capitale. Sur le trajet, Blaise, fort de son experience passee s'essaie aux tarentules grillees a la sauce coktail. Vu sa tete cela n'a point l'air fameux. Cette fois plus de bisous pour 2 jours!

La circulation a Phnom Pehn, un calvaire! La seule regle semble etre: je suis un gros 4x4, je passe. Il parait qu'avec la guerre et l'arrivee tardive des voitures, pour les particuliers, peu de gens ont appris a conduire. Cela on veut bien le croire! Mettre les gaz ca joue, mais regarder a gauche et a droite s'il y a quelqu'un avant de tourner cela ne vient a l'idee de personne. Et rouler a contre-sens, c'est vachement plus rapide! Vous connaissez le jeu de la grenouille qui doit traverser la route? On se sentait presque pousser une belle peau verte.... .

Histoire de mieux comprendre l'histoire du pays, on est alle visite un musee sur le genocide perpetre par les khmers rouges. C'est vraiment impressionnant. Et surtout d'imaginer que cela a eu lieu, alors qu'on etait deja ne. Dans ma tete, la guerre c'est plutot dans les livres d'histoire, il y a longtemps ou alors dans un pays bien lointain! Mais ici cela devient bien reel. Et cela fait encore plus reflechir de se dire que cela se passe probablement maintenant ailleurs dans le monde, sans que l'on sache... ou veuille savoir! On remet nos oeilleres bien pratiques et on continue notre periple....

Finalement, on ne reste pas longtemps en ville, decidemment, pas notre element, on file en direction de l’ocean!




Dur, dur de pedaler sous cette chaleur, on perd tellement d’eau qu’on n’arrive plus a boire assez. On degouline comme des fontaines! Ils ont raison les locaux, ce devrait etre l’heure de la sieste! D’ailleurs, il n’y a plus personne dehors. Ce n’est pas pour rien. “Sont fous ces falangs!” On en est reduit a faire des petits elixirs au sel absolument delicieux. Mais cela fait son effet, ou peut-etre que l’on s’habitue un peu.

Neanmoins, on devient des pros de la reconnaissance auditive! Rien qu’au son, on peut reconnaitre si c’est un camion, un car, une voiture ou une moto qui arrive derriere nous! De vrais asio-cyclistes! D’ailleurs, si vous voulez faire une etude sur l’effet “Doppler”, les routes cambodgiennes sont l’endroit reve! Pour les “cultures” comme moi qui ne savent pas du tout ce que c’est: c’est le changement de son que produit le mouvement d’un objet en passant. Du moins je n’en sais rien du tout (si c’est faut, l’adresse mail de Blaise est sur le site!), mais dans tous les cas le symptome est: quand un hysterique du klaxon commence a peser en continu sur son volant 100 m. avant vous, ca fait un son aigu et quand le camion nous depasse, le son devient graaaave pour les 100 prochains metres. Tres jolie variation! (Je pourrais mettre dans mon CV au retour, que j’ai appris la physique sur la route….)

Notre premiere etape est une petite ville de campagne au bord d’un lac. Mais le lac on a eu beau le chercher on l’a jamais trouve! Il n’y a que des champs a la place a cette saison et le port est reduit a un minuscule canal.




Les bateaux font du traffic avec le Vietnam. On se fait tout de suite assaillir par une horde de gamins hilares et on nous offre deux delicieux ananas, fraichement importes absolument divins! Un vrai coup de coeur pour cette petite ville que l’on quitte a regret.

C’est avec un regret terrible que je peux vous affirmer que l’on n’est vraiment pas fait pour le Cambodge! Parce que les trois activites principales du pays sont: le karaoke, le billard et le foot… et on est vraiment nul pour le tout! (Heureusement pour l’activite hammac qui remplit un pourcentage non negligeable des journees locales, on se debrouille pas trop mal!) Sans rire, il y a des billards partout meme dans la rase campagne sur un sol de terre battue, sous un auvant en palmier, au milieu des vaches.

On n’en revient pas. Vu les heures d’entrainements qu’ils doivent avoir, on ne s’y est meme pas frotte! Et ceux qui connaissent ma “voix” legendaire ne s’etonneront pas non plus que je n'ai pas risque l’exclusion du pays pour une malheureuse chanson de karaoke! Chaque petite ville a ses bars a karaoke et c’est tres populaire. Toutes les chansons a la tele ont les sous-titres et si vous passez votre commande assez tot on vous ramenera le DVD ‘saisons 2000-2005!”

Apres deux jours a pedaler dans des plaines desertiques a perte de vue, on arrive dans les palmiers et un petit air mediteranneen. On se fait “sauvagement” raccoler pour une nouvelle "guesthouse", mais cette fois, on ne le regrette pas. Superbe chambre au bord de l’eau avec terrasse sur piloti. Ah le luxe… quand tu nous tiens!

Depuis la, on fait une petite excursion de deux jours pour aller sur une presque-ile. Un vrai plaisir d’avoir peu de kils a faire et de pouvoir s’arreter toutes les cinq minutes pour se regaler les yeux. On passe emerveille dans des champs de sel. Et le soir, petite repose dans le hammac face a l’ocean! On ne se refuse rien. On se risque meme a se baigner, mais l’eau est d’un sale! On chasse les poissons morts pour avancer et on ne reflechit pas trop sur quoi on marche.




De retour a Kampot a notre ‘guesthouse’ favorite, on ne resiste pas a un petit jour de repos. Trop dangereux le stress. Et surtout on profite de la gastronomie locale et de ses poissons. Tout arrive…(c’est peut-etre pour ca qu’il a beaucoup neige cette hiver en Suisse!) j’aime le poisson maintenant! Mais quand il y a la tete et l’oeil qui me regarde dans mon assiette, c’est Blaise qui doit operer!

Derniers jours juqu'a l'ocean, ma premiere etape de plus de 100 kilometres! Pourquoi suis-je "maso"? Mais la "force est avec moi" ou plutot la chance, parce qu'ils viennent de goudronner la route et c'est un vrai billard et en plus Eol est avec moi... un bon petit force 5 dans le dos et on se croit dans une forme olympique! Les cinquante premiers kils longent le bord de l'ocean, c'est vraiment superbe et comme la route est surelevee pour la saison des pluies on a une vue imprenable. Le deuxieme troncon est deja nettement moins interessant sur la grande route. Il faut juste avoir suffisamment de reflexe pour se jeter dans le fosse quand un 4x4 depasse un camion sans regarder ce qu'il y a en face. Pourquoi s'en preoccuper de toute maniere tous le monde se tire"! On croise un cycliste allemand desespere, qui a la malchance d'avancer face au vent. Il va se resigner a prendre un pick-up (je suis quelque peu rassuree que cela n'arrive pas qu'a moi!)!

Shihanoukville, l'ocean!




Cela faisait longtemps qu'on ne l'avait pas vu! magnifiques plages de sable blanc et une eau chaude! Meme moi, je n'ai meme pas de peine a me mouiller. On ne pensait rester que 2 jours, mais finalement..... on est reste "scotches" 4! Et ne doutez pas que l'on a ete hyper-actifs. On a quand meme ete voir une autre plage que celle en face de notre chambre et ete dans deux restos differents! Autrement acheter des fruits au marche, le pique-nique de midi et descendre a la plage, ca prend bien la journee!

Quand vous voyez cinq jeunes habilles de pantalons noirs et de chemises blanches.... ils doivent aller en "disco" ou travailler non? Eh bien pas du tout, il vont se baigner... tout habilles comme il se doit! Heureusement qu'on est dans un pays chaud. Je dois m'etre trompee de plage avec mon bikini, je fais plutot tache dans le decor! Marrant, qu'ils ne mettent pas plutot des "sarongs", non vraiment les habits de tous les jours ou pour les habitues des shorts et T-shirts pour surf et planche a voile.

on finit par quitter notre petit coin idyllique et prendre le bus pour Phnom Phen. On refait notre stock de victuailles avant de partir pour le nord. J'ai oublie de dire a quel point mon petit estomac d'occidentale est accroc aux biens d'importation et pour cela les grandes villes du Cambodge sont un vrai petit paradis. On trouve du pate en boite et des baguettes francaises, du bircher, des barres de cereales et des "drinks" (lait fraises en berlingots)! De quoi faire de vrais petits dejeunes et "snacks" energetique du bon petit cycliste. Un vrai soulagement apres les spaghettis froids a la sauce de poisson du Myanmar (si c'est la cinquantieme fois que vous lisez cette exemple, ne vous etonnez pas.... je dois avoir garde un certain traumatisme!) Et les barres de cereales c'est tout de meme plus energetique que les pasteques. Et le summum du bonheur: on a meme trouve de la "crema choco" une merveille de copie du nutella! Quand je vous parlais du luxe qui nous tient....

On entame notre periple en direction du nord. Tout le long du Mekong, de nouveau cent kils, mais cette fois, dont soixante de non goudronne. Tres joli.... mais trop long les etapes!




On passe dans ces villages un dimanche du mois d'avril, ce qui donne un spectacle tres interessant. Les mariages ici n'ont pas le droit d'etre celebres des que la saison des pluies commence, donc tous le monde se marie en avril et mai. Alors il y a des mariages tous les 500 metres. Ce qui consiste tout d'abord en d'enorme haut-parleur (genre minaret) qui hurlent une musique completement saturee a plein tubes; puis de tables et chaises disposees sous une cantine decoree dans un style "kitch a souhait" tout a fait a la mode d'ici. D'apres ce que l'on nous a dit, le mariage consiste a inviter le plus de monde possible dont la plupart ne sont pas obligatoirement connus du couple. Car les convives paient ce qu'ils veulent pour le repas... donc plus il y a de convive, plus il y a d'argent pour rembourser les depenses du repas et de l'organisation de la fete. En matiere de fete, cela ne ressemble pas vraiment aux mariages de chez nous. Les convives arrivent, admirent l'arrivee de la mariee, mangent, dansent et a 9 heures du soir....c'est fini tous le monde rentre a la maison. Et la danse....tres instructif. Tout dans la pudeur et la retenue des moeurs asiatiques. Des mini-pas et mini-mouvements des mains, a tel point que l'on doit verifier que la personne danse reelement et n'est pas en train de se diriger vers le buffet de dessert! On est bien etonne, on trouve que ces fetes ne sont pas tres joyeuses et les maries n'ont pas vraiment la tete du vainqueur! Il parait que les mariees doivent paraitre triste de quitter leur famille pour entrer dans la famille de leur mari. Mais plus que cela, dans les petits villages, le mariage a l'air de leur "tomber sur la tete" un peu comme les bebes! Ce sont encore souvent les parents qui decident a leur place.

On arrive bien tard a Kampong Cham, apres cette longue etape. Alors on s'octroye deja un jour de repos... les faineants! Mais on ne le regrette pas, on se promene autour de la ville et allons voir des champs de lotus. On a toutes les peines du monde a se faire indiquer le chemin, car les chauffeurs de "motos" veulent nous y emmener pour que l'on paie. Finalement, le proprietaire de notre hotel, decide de nous accompagner parce qu'il n'est jamais alle les voir. Il nous montre comment ouvrir les "coques" de lotus. On ne savait meme pas que cela se mangeait. A mon gout cela ne casse rien!




Au milieu du Mekong, il y a une ile reliee au bord par un long pont en bambou. Une sacrement drole de sensation de rouler sur ce pont tout mou! Il faut croire que c'est solide, meme les voitures y passent. Par contre, il fait une chaleur torride. Moi qui deteste l'eau froide, je crois qu'on a bien pris 4 ou 5 douches froides cet apres-midi la!

Le lendemain, en route pour Chlong. Superbes paysages, petits villages tranquilles perdus dans le temps, mais quelle population! Des maisons, des maisons, tout du long et sans interruption! Comment on fait pour aller faire pipi derriere un buisson?

En milieu de journee, on traverse le Mekong en ferry pour changer de berge. La route ne s'ameliore pas, tout un poeme! Cela passe des gros cailloux a la terre dure et pleine de trous et de bosses a une espece de sable innomable ou l'on s'enlise. Quand on pose le pied dedans, on s'enfonce de trois bons cm et cela souleve un merveilleux petit nuage de poussiere. Cela fait comme dans les films quand on voit les astronautes marcher sur la lune! A part qu'ici, du cote gravite on est plutot scotches, et le velo a plutot tendance a rester en arriere quand on essaie de le pousser! Autant dire que notre vitesse atteint des sommets de profondeur! Rude journee, mais une de nos routes preferees au Cambodge. Chlong est la ville que l'on finit par croire mystique tellement on n'en finit pas d'arriver. On se trouve une petite guesthouse locale ou manifestement tous les chauffeurs de motos s'arretent sur leur itineraire de traffic de marchandises. Un petit air de colo de vacances, en tout cas ils rigolent bien.

On est des "falangs" tres logiques. On ne se baigne pas dans le Mekong, parce qu'il risque parait-il (selon la bible: le "LP" ou encore Lonely Planet) d'y avoir des vers "pas gentils" dans l'eau, mais dans les guesthouses, l'eau apportee dans les jarres pour se laver, vient bien du Mekong! Tres cartesien. D'ailleurs les ablutions ou l'on s'asperge avec l'eau des mares c'est presque mieux que la douche parce que l'eau est plus froide!

Le lendemain, on a la bonne surprise de trouver la route en meilleur etat que prevu, du coup, on arrive tot a Kratie. On vient d'effectuer notre derniere etape en velo au Cambodge. On prevoit de rejoindre la frontiere en bateau et de profiter de la vue, les pieds en evantails sur le pont!

Kratie est relativement touristique, tous le monde y vient pour voir les dauphins d'eau douce. Mais on ne se retrouve pas vraiment dans cette ville et il parait que l'abondance de touristes menace les dauphins de disparition. Alors on decide de laisser les dauphins tranquilles et d'aller en quete de notre bateau et de notre croisiere.

Premiere mauvaise surprise: la compagnie des ferrys a fait faillite il y a un mois, il n'y a plus de bateaux! . Le seul moyen d'aller a Stung Treng c'est avec le bus VIP de Phnom Phen (deja plein quand il arrive ici, donc y mettre les velos en soute.... tin-tin!) ou en pick-up. En guise de pieds on evantail ce sera plutot les pieds "sardines" dans un pick-up. On nous conseille d'aller tot a l'arret des bus, on se pointe donc a 7h30. Il y a 140 kils, on nous dit qu'en 4 heures c'est bon. La route est en terre mais bonne, ce qui ralenti ce sont des travaux et les troncons d'evitements. On se console de notre bateau en se disant qu'en gagnant un jour on pourra ainsi aller faire une excursion de 2 jours dans une reserve naturelle et en louant une moto cette fois! Le luxe!




Cela commence bien, le pick-up de Stung Treng est la, les velos sont charges, le prix negocie, cinq personnes en plus de nous attendent deja. Le systeme est habituel, quand on est plein... on part. 7h30....8h...9h. Bete, tous les pick-ups des autres destinations sont deja loin, ne reste plus que le notre et celui qui va dans la meme direction mais plus loin que le notre. Quand trois personnes de notre pick-up se "font la malle" et partent avec un prive, on commence a s'inquieter. De toute facon, il n'y a pas le choix, il n'y en a qu'un... .

L'attente au Cambodge c'est un vrai sketch: Imaginez.... Un pick-up avec des gens qui attendent dedans ... et les Cambodgiens quand ils attendent, ils passent le temps en mangeant et quand ils mangent, ils crachent et jettent les dechets soit par-terre a leur pieds (donc dans le pick-up) ou dehors (juste a cote du pick-up). On peut donc compter le nombre d'heure qu'un pick-up est reste stationne a la hauteur des petits murets de detritus environnants!

10h...11h... on glane un sac, 2 personnes, des barres metalliques. Toutes les demie-heures a chaque nouvel arrivage, tout le chargement est repense, donc tout est ressorti et remis! Les tas de detritus augmentent toujours.... L'ambiance est plutot sympathique, on nous offre des fruits, on fait la causette, le gosse qui attend avec nous, va meme acheter de l'eau pour nous.

12h... On avoisine les 15 personnes, on a toutes nos chances! Dites, pourquoi vous ne mettez rien sur le toit et tout sous nos pieds au point qu'on a les genoux sous les oreilles?!

12h30 ON PART! Petit tour de ville, des gens montent encore, cette fois on est tellement charges que cela devrait aller non? Pas du tout... Faut espoir et retour a la case depart! On peut meme admirer l'emplacement du pick-up avec ces petits murs de detritus, tres artistique!

13h, cette fois on est parti pour de bon. 5h30 d'attente, on a deja les jambes et les isxions lamines et on vient tout juste de partir! On est vraiment mal installe, on ne peut pas bouger un orteil et dire que le toit est vide. Il faut avouer qu'on n'a pas leur entrainement pour rester accroupis pendant des heures!

Est-ce normal qu'a chaque passage bossele le pick-up cale? Mauvais.... mauvais.... . 30 km plus loin, il fallait s'y attendre, on ne redemarre plus... . On ne s'inquiete pas trop, c'est standard, on n'a encore jamais pris de pick-up qui ne soit pas tombe en panne.




Apres deux heures trente pour faire 50m. on se dit quand meme que le scotch et les bouts de ficelles cela ne marche peut-etre pas toujours! Et la nuit approche... et on est au milieu de nul-part... il y a des huttes... un puit... un "tea-shop" (qui n'a meme pas de the!) Finalement la vingtaine de personne qu'on est s'installons tant bien que mal au "tea-shop" et alentour. Pas de boissons pour estomacs fragiles d'occidentaux, que des jus a base d'eau du puit... on en est reduit a boire de l'eau chaude. Et pour les pronostiques en khmer, on peut repasser, dans ces cas-la c'est toujours "pas de probleme!"

On l'avait vu venir, mais le chauffeur n'a jamais voulu l'avouer... on finit par tous dormir sur place. La miss du "tea-shop" fait du feu a cote de la hutte dans l'herbe et c'est parti! la poule est plumee, le riz cuit. ÚBonne ripaille tous ensembles installes ou chacun peut. On passe une sympathique soiree a essayer de communiquer avec le petit bouquin de conversation. Au moins on rigole bien. Par contre, on ne peut pas dire qu'on ait bien dormi. une simple natte en bambou tendue c'est dur! On a pourtant de la chance, pour les autres, c'est le sol ou alors le pick-up! Tres beau sous les etoiles, mais on a meme eu froid... pas possible.

Premier chant du coq, le lendemain matin, enieme essai de demarrage de la part de notre chauffeur... on decharge le tout et on prend la poudre d'escampette. Le probleme c'est qu'il reste 110 kils avec des travaux tous les 500m., on se retrouve dans notre merveilleux "sable lunaire" a pousser les velos... c'est pas beau les croisieres en bateau? Et en plus, il faut que l'on trouve de l'eau. 20 kilometres apres, on entend enfin un bruit de moteur... c'et notre derniere chance. On se met allegrement au milieu de la route et par chance, le camion nous prend en stop! Les velos tel quel derriere, le camion est vide et nous cougnes dans la cabine. On n'a jamais reussi a comprendre ce qu'il allait acheter. Mais il nous sauve la vie (du moins la mienne), il nous pose a 30 km de Stung Treng.

Bon petit record, on arrive en velo a Stung Treng apres deux jours de voyage au lieu de 4 heures de trajet! Dommage pour notre excursion en moto, plus assez de temps. Par contre, on se repose un jour en ville. Coin sympa, ou on passe le plus clair de notre temps a causer avec les locaux, tout contents qu'enfin quelqu'un s'arrete dans leur ville plutot que de n'y rester qu'une ou deux heures en transit. On apprend qu'il y a meme la reine en ville. Cette fois on comprend la file de 4x4 et les voitures de polices qui nous ont doubles a fond de train! Et nous qui avions meme essaye de faire du "stop", risible! Heureusement que l'on a decide de rester un jour, parce que la reine etant allee voir les dauphins, la frontiere est fermee.... et vu la tete de ceux qui attendent, c'est long!

Ne rions pas trop tot, parce que notre bateau pour rejoindre la frontiere .... il n'y en a plus non plus. Mais cette fois, parce qu'il n'y a plus assez d'eau et trop de courant. On est oblige de prendre un "speedboat" (freles esquiffes toutes allongees et qui vont tres tres vite!). On ne comprend pas bien comment, mais il parait que l'on peut y mettre les velos. Si vous le dites!




Rendez-vous a 7h30 (un petit air de deja vu....) on est parti a 11h, il y a du progres non?! Mais l'attente a ete fort sympathique. On a fait connaissance avec le proprietaire qui est un "fan" de velos. Il a participe a un tour offert par le developpement du tourisme thai qui se deroule sur la Thailande/Birmanie/Cambodge et Laos. Il nous a montre toutes ses photos et on a fini par aller boire un cafe au marche (pas si mauvais, on s'y fait!). Une bonne matinee "tchatche".

En matiere de petite croisiere tranquille, c'etait aussi plutot rate. Va-t-on survivre? Dans les statistiques, ils disent qu'il y a en moyenne un accident par semaine avec ces trucs! Une telle vitesse et avec tout ce qui flotte dans ce Mekong... un vrai labyrinthe. Mais notre chauffeur est plutot "pro" et nous negocie une sacree course! Malgre le fait qu'on a serre les dents tout du long, le paysage est a vous couper le souffle. Nos co-voyageurs locaux descendent au village de notre chauffeur, juste avant la frontiere et ce dernier nous emmene pour le "tampon" officiel dans une cahutte au milieu des palmiers. Pas malin de traverser un dimanche, on est en tarif "heures supplementaires"!. On traverse l'eau, dechargeons les velos, roulons cent metres, payons de nouveau dans une autre hutte... et nous voila au Laos!!!